Récréation

Muse des champs je vous rejoins.
Ouvrez votre aile, mon amie,
nous allons conquérir la pluie
et mille foudres dans les foins.

Ce minuit pâle, je l'accueille,
où le peuplier des jardins
hésite, se plie, et soudain,
pêche la lune au ras des feuilles.

Mais demain, ma fidèle amie,
ivres de verdure et d'émoi,
nous célébrerons les prairies,
nous nous baignerons dans les bois.

Et si les flûtes de la vie
aux cris du seigle ont répondu,
je vous dirai, sans ironie,
que ce Dimanche m'était dû.

Collection: 
1915

More from Poet

  • Le sable et les arbres jouaient
    A m'égarer
    Le vent et les oiseaux jouaient au plus léger
    Plaisir des dunes
    Une canne de jonc
    Une cravate Un papillon
    Écume de mer Pipe d'écume
    Avec l'amitié pour enjeu

    Ces jeunes gens ne sont pas sérieux

  • Les rues et les verres vides
    La grande fraîcheur des mains
    Rien de cassé Rien de sali Rien d'inhumain

    Cordialement bonjour, bonsoir
    Je suis paresseux tu vois
    En bonne santé

    A la santé du paysage
    L'amateur de rues aérées
    Si vous voulez que je vous...

  • Sortons. J'ai entendu des Dryades profondes,
    Lamentantes redire aux hommes de l'été
    (Comme de grandes eaux amoureuses qui grondent)
    Quel amour il faudrait à leur avidité.

    Est-ce vous sur ce banc ma Muse vagabonde,
    Coudes au corps, les mains ouvertes, l'air brisé ?...

  • On meurt dans la pluie.
    La Douleur du Nord
    Aime ce décor
    En saisons pourries.

    Pégase y est mort
    Une nuit de pluie.
    Pourquoi, Poésie,
    Ce cri vers le Nord ?

    Les ailes cassées
    Dans des cheminées
    Saigne l'ange lourd :

    Ô ville...

  • Ô douleur chevelue adossée au comptoir
    Du vieux cabaret où je fume
    Belle dame dorée emprisonnant le soir
    Dans cette lyre qui s'allume

    Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
    Les limonades, les liqueurs,
    A l'aimable madère et aux honteuses menthes
    ...