Il est si tard, il fait, cette nuit de novembre,
Si triste dans mon coeur et si froid dans la chambre
Où je marche d'un pas âpre, le front baissé,
Arrêtant les sanglots sur mes lèvres, poussé
Par les ressorts secrets et rudes de mon âme !
La maison dort d'un...
Charles Guérin
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Le vent est doux comme une main de femme,
Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
L'oiseau bleu s'envole et voile sa voix,
Les lys royaux s'effeuillent dans mon âme ;
Au clavecin s'alanguissent les gammes,
Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;... -
Ah ! Seigneur, Dieu des coeurs robustes, répondez !
Quel est ce temps de doute où l'homme joue aux dés
Ses croyances, l'amour et le rêve et la gloire ?
Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ?
Vacillants et plaintifs comme un peuple de joncs,
Sous le ciel... -
Encore un peu ta bouche en pleurs, encore un peu
Tes mains contre mon coeur et ta voix triste et basse ;
Demeure ainsi longtemps, délicieuse et lasse,
Auprès de moi, ma pauvre enfant, ce soir d'adieu.
Les formes du jardin se fondent dans l'air bleu,
Le vent... -
J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante.
Nous écoutons, muets encor de volupté,
Voleter un phalène aveugle dans la chambre.
Ton visage pensif est rose de clarté.
Tu caresses les doigts que je te laisse et songes :
" Si vraiment il m'aimait ce soir,... -
Le soir léger, avec sa brume claire et bleue,
Meurt comme un mot d'amour aux lèvres de l'été,
Comme l'humide et chaud sourire heureux des veuves
Qui rêvent dans leur chair d'anciennes voluptés.
La ville, pacifique et lointaine, s'est tue.
Dans le jardin pensif où... -
Je t'apporte, buisson de roses funéraires,
Ces vers, à toi déjà lointaine et presque morte,
Ô douloureuse enfant qui passes dans mes rêves ;
Moi qui t'ai vue heureuse et belle, je t'apporte
Ces vers, comme un bouquet de lys sur ta beauté.
Tu sus trop tôt que l'homme... -
J'ai croisé sur la route où je vais dans la vie
La Mort qui cheminait avec la Volupté,
L'une pour arme ayant sa faux inassouvie,
L'autre, sa nudité.
Voyageur qui se traîne, ivre de lassitude,
Cherchant en vain des yeux une borne où s'asseoir,
Je me... -
Le temps n'a point pâli ta souveraine image :
Telle qu'un jour d'été, jadis, tu m'apparus,
Debout, battant du linge au bord d'un sarcophage,
Je te revois, fille aux bras nus.
C'est dans une prairie où la chaleur frissonne,
Où, comme un brasier vert, l'herbe s'... -
Je vais mourir, je vais bientôt mourir ; qu'on ouvre
La croisée et que j'aie un rayon de soleil
Sur mon lit et la ronde endormeuse des mouches ;
Que tout le jour sourie à mon dernier sommeil ;
Qu'on me couvre de fleurs, que l'air frais du matin
M'apporte encor les...