Charles Guérin

  • Ce coeur plaintif, ce coeur d'automne,
    Qui veut l'aimer ?
    Ma belle enfant, on vous le donne
    Pour un baiser.

    Amusez-vous, car je vous vois
    Inoccupée,
    A le briser, comme autrefois
    Votre poupée.

    Ce sera moins long que les roses
    A déchirer,...

  • Ce soir je reprendrai mon chemin solitaire,
    Dans les champs où la nuit traîne son manteau bleu
    J'irai, respirant l'air que l'herbe en fleur embaume,
    Triste et pressant le pas comme ceux qui vont seuls ;
    Je verrai les hameaux s'endormir sous le chaume,
    Et les amants...

  • Avant que mon désir douloureux soit comblé
    D'un amour qui l'apaise enfin ou dont je meure,
    Entendrai-je souvent encor la mer du blé
    Bruire aux alentours de ma chère demeure ?

    Trop de fois, taciturne et sombre, et regardant
    Mes chiens souples bondir à travers l'...

  • Il a plu. Soir de juin. Ecoute,
    Par la fenêtre large ouverte,
    Tomber le reste de l'averse
    De feuille en feuille, goutte à goutte.

    C'est l'heure choisie entre toutes
    Où flotte à travers la campagne
    L'odeur de vanille qu'exhale
    La poussière humide des...

  • Que ton souffle renaisse, Eté des vieilles joies,
    Et ramène l'espoir et son divin cortège,
    Et ravive l'écho de mes pas sur la grève
    Où le vol des corbeaux et des rêves tournoie.

    Car ma jeunesse s'empoussière aux vains grimoires,
    Tant qu'elle sèche et peu à peu...

  • Souvent, le front posé sur tes genoux, je pleure,
    Plus faible que ton coeur amoureux, faible femme,
    Et ma main qui frémit en recevant tes larmes
    Se dérobe aux baisers de feu dont tu l'effleures.

    " Mais, dis-tu, cher petit enfant, tu m'inquiètes ;
    J'ai peur...

  • Ma fenêtre était large ouverte sur la nuit.
    La maison reposant autour de moi sans bruit,
    J'écrivais, douloureux poète d'élégies,
    A la clarté dansante et douce des bougies.
    Un souffle d'air chargé des parfums du jardin
    Me ravit en entrant la lumière soudain,
    Et...

  • Goûte, me dit le Soir de juin avec douceur,
    Goûte ma reposante et secrète harmonie,
    Et forme tendrement ton âme et ton génie
    Sur le ciel d'où je viens avec la Nuit ma soeur.

    Regarde-nous marcher au bord de la colline,
    Comme un couple inégal de beaux adolescents...

  • Une flûte au son pur, je ne sais où, soupire.
    C'est dimanche. La ville est paisible, il fait bleu ;
    Et l'âme à qui l'azur semble toujours suffire
    Bénit le soir tombant et la bonté de Dieu.

    Pourtant cet air qui pleure au fond du crépuscule,
    Là-bas, chez des...

  • La voix du soir est sainte et forte,
    Lourde de songe et de parfums,
    Et son flot d'ombre me rapporte
    La cendre des espoirs défunts.

    J'ai dit à l'amour qu'il s'en aille,
    Et son pas d'aube, je l'écoute
    Qui dans la gaieté des sonnailles
    S'étouffe au...