Charles Guérin

  • Aie une âme hautaine et sonore et subtile,
    Tais-toi, mure ton seuil, car la lutte déprave ;
    Forge en sceptre l'or lourd et roux de tes entraves,
    Ferme ton coeur à la rumeur soûle des villes ;

    Entends parmi le son des flûtes puériles
    Se rapprocher le pas profond...

  • Ah ! ce bruit affreux de la vie !
    Et que dormir serait meilleur
    Dans la terre où le caillou crie
    Sous la bêche du fossoyeur !

    Le soleil a toute ma haine ;
    Je suis rassasié de voir
    Sa lumière quotidienne
    Se rire de mon désespoir.

    Ah !...

  • Le tiède après-midi paisible de septembre
    Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre,
    Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève.
    Après les longs et vains et douloureux voyages,
    Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse,
    Rentre ce soir dans le...

  • Un soir, au temps du sombre équinoxe d'automne
    Où la mer forcenée et redoublant d'assauts
    Se cambre et bat d'un lourd bélier le roc qui tonne,
    Nous étions dans un lieu qui domine les eaux.

    Heure trouble, entre l'ombre et le jour indécise !
    La faux du vent...

  • Tout ce que le monde m'offre ici-bas
    pour me consoler me pèse.
    Imitation de Jésus-Christ.


    L'automne fait gronder ses grandes orgues grises
    Et célèbre le deuil des soleils révolus,
    L'avare automne entasse aux rebords des talus
    Les vols de feuilles d'...

  • Pour couronner la blonde enfant aux yeux d'azur,
    De toutes la plus chaste ensemble et la plus belle,
    Car sa gorge orgueilleuse a pour hôte un coeur pur,
    Que l'azur du bleuet au fauve épi se mêle.

    Quand le ciel d'août torride accable les moissons,
    Qu'au sein des...

  • Ton image en tous lieux peuple ma solitude.
    Quand c'est l'hiver, la ville et les labeurs d'esprit,
    Elle s'accoude au bout de ma table d'étude,
    Muette, et me sourit.

    A la campagne, au temps où le blé mûr ondule,
    Amis du soir qui tombe et des vastes couchants,...

  • Venez ce soir, m'amie, à la vesprée ;
    Pendant qu'au bourg on danse la bourrée,
    Vous passerez par la porte du clos,
    Et je vous attendrai sous les bouleaux,
    Près de la source au soleil empourprée.

    Dans la forêt de muguets diaprée,
    Par nos pas surprise fuira...

  • L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
    Car chacun de nous deux a peur du même instant.
    " Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
    Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...

    Je te devine proche au feu de ton visage.
    Ma tempe...

  • Entrerai-je, ce soir, Seigneur, dans ta maison,
    Sans craindre que ma chair, vouée aux oeuvres viles,
    Apporte le relent de luxure des villes
    A la candeur des jupes d'ombre en oraison ?

    Je songe à d'autres jupes d'ombre qui sont douces
    Pour endormir l'effroi des...