Armand Silvestre

  • ... C'est qu'ils portent en eux, les arbres fraternels,
    Tous les débris épars de l'humanité morte
    Qui flotte dans leur sève et, de la terre, apporte
    A leurs vivants rameaux ses aspects éternels.

    Et, tandis qu'affranchis par les métamorphoses,
    Les corps brisent...

  •  
    Parlez, terrestres voix, chant nocturne des choses,
    Des langues à venir chuchotement lointain,
    Cris des enfantements, chœur des métamorphoses,
    Dernier adieu des morts dont la forme s’éteint ;

    Bruit des déchirements sans fin de la Matière,
    Lent et plaintif...

  •  
    SOUS la calme splendeur de son front ingénu
    Quelle pensée habile ou quel rêve sommeille ?
    On croirait voir encor sur sa bouche vermeille
    Un mystique sourire imprégné d’inconnu.

    Le col harmonieux se dresse, pur et nu,
    Sous la nuque arrondie aux gerbes d’or...

  •  
    DANS le vieil hôtel catholique
    J’aime surtout la grande cour
    Où veille un fantôme de tour
    Sur lequel un lierre s’applique.

    Un platane mélancolique
    Y garde avec un vague amour
    Une urne à l’austère contour
    Où dort, sans doute, une relique

    ...

  •  
    LA vie est comme une colline
    Dont l’aube éclaire le penchant,
    Prompte à gravir et qui s’incline
    Bientôt vers le soleil ...

  •  
    CHERCHANT plus haut que moi l’espoir de ma pensée,
    J’ai trouvé la douleur dont je voulais mourir ;
    Puisque je porte au cœur ta blessure insensée,
    O volupté sans nom de l’amour sans désir !

    — J’ai trouvé la douleur dont je voulais mourir. —
    Si tu vis sous...

  •  
    I

    LE soleil, déchiré par les rocs ténébreux,
    Tombe, comme César, dans sa robe sanglante,
    Avant de nous quitter, l’heure se fait plus lente,
    Et de confuses voix murmurent des adieux

    C’est le soir ! — L’horizon se remplit de lumière,
    Et la pourpre s’...

  •  
    DANS ce marbre héroïque en creusant ta statue,
    Un artiste inconnu fixa l’éternité,
    O toi dont la splendeur nous fait vivre et nous tue,
    Femme de qui les temps connurent la Beauté.

    Il te fit cette image immortelle et profonde
    Où nos premiers regards...

  •  
    CE ne fut ni la chair vivante, ni l’argile
    Qui servit de modèle à ce corps radieux :
    La femme a moins d’orgueil, — la terre est trop fragile,
    Et ce marbre immortel vient du pays des Dieux.

    Jamais l’âme cruelle aux amantes cachée.
    N’eut ce sein ni ce front...

  •  
    DU grand rêve païen par les âges déchue,
    Femme, cette douceur amère t’est échue
    De garder, sur ton front cher et découronné,
    Rameau toujours vivant, le laurier de Daphné.

    Si tu n’es plus debout, aux temps durs où nous sommes
    Entre l’amour des Dieux et le...