« La vie est comme une colline »

 
LA vie est comme une colline
Dont l’aube éclaire le penchant,
Prompte à gravir et qui s’incline
Bientôt vers le soleil couchant.

Heureux celui qui, sur le faite,
Peut écouter encore un jour
La lointaine chanson de fête
De la jeunesse et de l’amour.

Il lui faut bientôt redescendre
Vers l’horizon bien vite atteint,
Sans rêves et foulant la cendre
Qui coule de son cœur éteint,

Il lui faut compter les années,
Non plus par des jours éclatants,
Mais par les heures pardonnées
Qu’il doit à la pitié du temps.

Heureux qui, repu de caresses,
A laissé, sous l’amour vainqueur.
Saigner aux dents de ses maîtresses
Le dernier lambeau de son cœur

Arbre sans sève dont l’écorce
N’enferme plus qu’un trou béant,
Il vieillit sans avoir la force
De souffrir aux mains du néant !

Collection: 
1857

More from Poet

... C'est qu'ils portent en eux, les arbres fraternels,
Tous les débris épars de l'humanité morte
Qui flotte dans leur sève et, de la terre, apporte
A leurs vivants rameaux ses aspects éternels.

Et, tandis qu'affranchis par les métamorphoses,
Les corps brisent...

 
Parlez, terrestres voix, chant nocturne des choses,
Des langues à venir chuchotement lointain,
Cris des enfantements, chœur des métamorphoses,
Dernier adieu des morts dont la forme s’éteint ;

Bruit des déchirements sans fin de la Matière,
Lent et...

 
SOUS la calme splendeur de son front ingénu
Quelle pensée habile ou quel rêve sommeille ?
On croirait voir encor sur sa bouche vermeille
Un mystique sourire imprégné d’inconnu.

Le col harmonieux se dresse, pur et nu,
Sous la nuque arrondie aux gerbes d’or...

 
DANS le vieil hôtel catholique
J’aime surtout la grande cour
Où veille un fantôme de tour
Sur lequel un lierre s’applique.

Un platane mélancolique
Y garde avec un vague amour
Une urne à l’austère contour
Où dort, sans doute, une relique

...

 
LA vie est comme une colline
Dont l’aube éclaire le penchant,
Prompte à gravir et qui s’incline
Bientôt vers le soleil ...