André Lemoyne

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    Le rossignol n’est pas un froid et vain artiste
    Qui s’écoute chanter d’une oreille égoïste,
    Émerveillé du timbre et de l’ampleur des sons :
    Virtuose d’amour, pour charmer sa couveuse,
    Sur le nid restant seule, immobile et rêveuse,
    Il jette à plein gosier la...

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    À Jules Levallois.

    Vous souvient-il encor des Écritures saintes ?
    Avez-vous contemplé ces vierges aux grands cils
    Qui par Jean de Fiesole, au Val d’Arno, sont peintes.
    Détachant sur fond d’or leurs mystiques profils ?

    Pour faire le portrait de...

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    LE BERGER.

    Étoile du berger, si tu voulais m’entendre,
    Toi qui brilles là-haut comme un pur diamant ;
    Où mon œil n’atteint pas, ton regard peut descendre.
    Par cette belle nuit tu verras clairement…

    L’ÉTOILE.

    Je vois plusieurs pays… Lequel...

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    À M. Ambroise Didot.

    On rencontre parfois des hommes dans la vie ;
    J’en ai vu quelques-uns dans notre âge de fer ;
    Pas une haine au cœur, pas une ombre d’envie,
    Et le monde ignorait ce qu’ils avaient souffert.

    Un front vieilli trop jeune et des...

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    Le soleil du matin tombe en bruine d’or
    A travers les rideaux de blanche mousseline :
    C’est comme un fin brouillard de lumière en sourdine
    Éclairant l’oreiller d’une blonde qui dort.

    Les cheveux, déroulés comme un torrent de soie
    Riche de tous ses flots...

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    À M. Burgaud des Marets .

    Quand un grand fleuve a fait trois ou quatre cents lieues,
    Et longtemps promené ses eaux vertes ou bleues
    Sous le ciel refroidi de l’ancien continent,
    C’est un voyageur las, qui va d’un flot traînant.

    Il n’a pas vu la mer,...

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    À F. Daubigny.

    Je sais une vallée au fond des bois paisibles
    Où la mousse déroule un tapis de velours ;
    De parfums enivrés par des fleurs invisibles,
    Les ramiers à mi-voix s’y content leurs amours.

    Des grands hêtres touffus le dôme séculaire
    ...

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    LES NAGEURS.

    Ô filles de la mer, loin des bords égarées,
    Quand les flots s’empourpraient aux lueurs du couchant,
    Nous avons entendu votre merveilleux chant
    Épanouir en chœur ses voix énamourées.

    Mais nous sommes en vain de robustes nageurs ;
    Nous...

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    Nous revenions d’un long voyage,
    Las de la mer et las du ciel.
    Le banc d’azur du cap Fréhel
    Fut salué par l’équipage.

    Bientôt nous vîmes s’élargir
    Les blanches courbes de nos grèves ;
    Puis, au cher pays de nos rêves,
    L’aiguille des clochers...

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    Le présent, le passé, l’avenir d’une femme,
    Des gens fort sérieux prétendent tout avoir.
    Ils prendraient volontiers son image au miroir,
    Au papillon son aile, au diamant sa flamme.

    Dans l’abîme insondable ils aimeraient à voir,
    Avec leurs gros yeux ronds,...