Soir d'empire |
Albert Samain |
1879 |
French |
Parfois la mort passant devant l?auberge infâme Cogne ; et la peur gargouille au ventre des laquais... Les grands vaisseaux d?orgueil pourrissent près des quais. Et nous n?attendons plus le Dieu né d?une femme.
Orphelins du passé, nous avons tous dans l?âme, ... |
Soir d'été |
Anna de Noailles |
1905 |
French |
Une tendre langueur s'étire dans l'espace ; Sens-tu monter vers toi l'odeur de l'herbe lasse ? Le vent mouillé du soir attriste le jardin ; L'eau frissonne et s'écaille aux vagues du bassin Et les choses ont l'air d'être toutes peureuses ; Une étrange saveur vient... |
Soir d'été |
Marceline Desbordes-Valmore |
1823 |
French |
Le soleil brûlait l'ombre, et la terre altérée Au crépuscule errant demandait un peu d'eau ; Chaque fleur de sa tête inclinait le fardeau Sur la montagne encor dorée.
Tandis que l'astre en feu descend et va s'asseoir Au fond de sa rouge lumière, Dans les... |
Soir d'hiver |
Émile Nelligan |
1899 |
French |
Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre A la douleur que j'ai, que j'ai.
Tous les étangs gisent gelés, Mon âme est noire! Où-vis-je? où vais-je? Tous ses espoirs gisent... |
Soir d'octobre |
Léon Dierx |
1875 |
French |
A Catulle Mendès.
Un long frisson descend des coteaux aux vallées ; Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs, Le frisson de la nuit passe vers les allées. - Oh ! l'angelus du soir dans les soleils couchants ! - Sous une haleine froide au loin meurent... |
Soir de bataille |
José-Maria de Heredia |
1874 |
French |
Le choc avait été très rude. Les tribuns Et les centurions, ralliant les cohortes, Humaient encor dans l'air où vibraient leurs voix fortes La chaleur du carnage et ses âcres parfums.
D'un oeil morne, comptant leurs compagnons défunts, Les soldats regardaient,... |
Soir de Bretagne |
Anatole Le Braz |
1893 |
French |
Sur les coteaux pâlis flotte une ombre indécise : Au portail de la ferme une femme est assise, Qui, d'un refrain breton vaguement fredonné, Dans ses bras arrondis berce son premier-né ; Sous le corsage étroit où s'amincit son buste Pointent deux jeunes seins, gonflés d'... |
Soir de Montmartre |
Paul-Jean Toulet |
1894 |
French |
Décor d'encre. Sur le ciel terne Court un fil de fer : Mansarde où l'on aima, vanterne Sans carreaux, où l'on a souffert.
Une enfant fait le pied de grue Le long du trottoir. Le bistro, du bout de la rue, Ouvre un oeil de sang dans le noir ;
... |
Soir de pluie |
Maurice Rollinat |
1875 |
French |
Sur l'eau d'un vitreux mat, vert bouteille foncé, Des ronds, comme au compas, sont tracés par la pluie, Chacun d'eux, forme frêle à l'instant même enfuie, Étant par un semblable aussitôt remplacé.
Et puis, ce ne sont plus que des ombres de cercle, Des fantômes de... |
Soir de Printemps |
Albert Samain |
1879 |
French |
Premiers soirs de printemps : tendresse inavouée... Aux tiédeurs de la brise écharpe dénouée... Caresse aérienne... encens mystérieux... Urne qu'une main d'ange incline au bord des cieux... Oh ! Quel désir ainsi, troublant le fond des âmes, Met ce pli de langueur à la... |
Soir d’automne |
Émile Verhaeren |
1875 |
French |
Des nuages, couleur de marbre,
Volent, à travers le ciel fou ;
« Eh la lune, garde à vous ! »
L’espace meugle et se déchire.
Sous l’écorce, par leurs fentes,
On écoute pleurer et rire
Les arbres.
« Eh la lune, garde à vous ! »
Votre face de... |
Soir d’été |
Louis Bouilhet |
1872 |
French |
Amis, je veux me perdre au fond du bois sonore.
La lune des sentiers argente le gazon ;
Et, comme dans la coupe un vin qui s’évapore,
Déjà monte la brume aux bords de l’horizon.
La bruyante cité, près du fleuve étendue,
Allonge ses grands ponts comme des bras sur l... |
Soir éternel |
Charles Cros |
1862 |
French |
Dans le parc, les oiseaux se querellent entre eux.
Après la promenade en de sombres allées,
On rentre ; on mange ensemble, et tant de voix mêlées
N’empêchent pas les doux regards, furtifs, heureux.
Et la chambre drapée en tulle vaporeux
Rose de la lueur... |
Soir païen |
Albert Samain |
1879 |
French |
C?est un beau soir couleur de rose et d?ambre clair. Le temple d?Adonis, en haut du promontoire, Découpe sur fond d?or sa colonnade noire ; Et la première étoile a brillé sur la mer...
Pendant qu?un roseau pur module un lent accord, Là-bas, Pan accoudé sur les... |
Soir religieux (I) |
Émile Verhaeren |
1886 |
French |
Près du fleuve roulant vers l'horizon ses ors Et ses pourpres et ses vagues entre-frappées, S'ouvre et rayonne, ainsi qu'un grand faisceau d'épées, L'abside ardente avec ses sveltes contreforts.
La nef allume auprès ses merveilleux décors : Ses murailles de fer... |
Soir religieux (II) |
Émile Verhaeren |
1886 |
French |
Vers une lune toute grande, Qui reluit dans un ciel d'hiver Comme une patène d'or vert, Les nuages vont à l'offrande.
Ils traversent le firmament, Qui semble un choeur plein de lumières Où s'étageraient des verrières Lumineuses obscurément, ... |
Soir religieux (III) |
Émile Verhaeren |
1886 |
French |
Des villages plaintifs et des champs reposés, Voici que s'exhalait, dans la paix vespérale, Un soupir doucement triste comme le râle D'une vierge qui meurt pâle, les yeux baissés,
Le coeur en joie et tout au ciel déjà tendante. Les vents étaient tombés. Seule... |
Soir religieux (IV) |
Émile Verhaeren |
1886 |
French |
Le déclin du soleil étend, jusqu'aux lointains, Son silence et sa paix comme un pâle cilice ; Les choses sont d'aspect méticuleux et lisse Et se détaillent clair sur des fonds byzantins.
L'averse a sabré l'air de ses lames de grêle, Et voici que le ciel luit... |
Soir religieux (V) |
Émile Verhaeren |
1886 |
French |
Un silence souffrant pénètre au coeur des choses, Les bruits ne remuent plus qu'affaiblis par le soir, Et les ombres, quittant les couchants grandioses, Descendent, en froc gris, dans les vallons s'asseoir.
Un grand chemin désert, sans bois et sans chaumières, ... |
Soir sur la plaine |
Albert Samain |
1879 |
French |
Vers l?occident, là-bas, le ciel est tout en or ; Le long des prés déserts où le sentier dévale La pénétrante odeur des foins coupés s?exhale, Et c?est l?heure émouvante où la terre s?endort.
Las d?avoir, tout un jour, penché mon front qui brûle, Comme on pose un... |