Quand tu vins à la vie, enfant débile et blême,
De tes maux à venir, hélas ! précoce emblème,
Ce doux lait dont chaque être en naissant est nourri,
A tes lèvres manqua, par les fièvres tari.
Que d’efforts et d’amour pour tromper la nature,
Pour te contraindre à vivre, ô frêle créature !
Pourquoi la Mort, brisant un fragile roseau,
Te faisant un linceul des langes du berceau,
A ton premier malheur, pourquoi la Mort amie
Ne t’a-t-elle en son sein pour jamais rendormie !
Que de rêves menteurs, que d’espoirs avortés
Dans la tombe avec toi sa main eût emportés !
Combien de fleurs sans fruits, d’espérances fanées
Dans leur germe avec toi sa faux eût moissonnées !
Était-ce bien t’aimer, ô pauvre être innocent,
Que des jours te forcer à subir le présent !...
Qui n’a vu parmi nous de ces natures frêles,
Anges tristes à qui l’on rêve encor des ailes,
Soit regret d’exilés pour leurs mondes meilleurs,
Édens ressouvenus en ce vallon des pleurs,
Soit pudeur ineffable, effroi plein de mystère,
Vague pressentiment des choses de la terre ;
Qui parmi nous n’a vu de ces êtres pensifs,
Subitement saisis de troubles convulsifs,
Hésiter et pâlir au seuil de l’existence,
Rouvrir avec terreur leurs ailes d’innocence,
Et, fuyant nos soleils comme on fuit le remord,
Se jeter tout tremblants dans les bras de la mort ?
Odette
More from Poet
-
Puisque en tes jours bénis de gloire et de puissance,
Du pauvre jusqu’à toi franchissant la distance,
Tu l’aidas de sa croix à porter le fardeau ;
Et que, sourd aux instincts d’une opulence avare,
Toi, prince, tu couvris les membres de Lazare
Des plis... -
LA MÃREPourquoi jeter ta voix si paisible et si douce
A travers ces rumeurs d'un siècle aux fortes voix ?
Ami, crois-moi, résiste au démon qui te pousse ;
Laisse tes faibles chants, comme l'eau sur la mousse
Laisse tes chants couler à l'ombre de nos... -
La vipère du mal a mordu ta pensée,
Poète, et dans ton sein la colombe blessée
Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
Mais pour le Mal alors plus de pitiés... -
Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
Des bengalis et des ramiers !O douce enfant ! ta vie...
-
Loin d’ici veux-tu fuir ? pauvre couple enchaîné,
Veux-tu nous envoler vers l’île où je suis né ?
Je suis las de contrainte et de ruse et d’entrave.
Le ciel ne m’a point fait avec un cœur d’esclave !
Me cacher pour te voir, pour t’aimer, ô tourment !
Je veux...