Terre d’Arvor

Ô beaux rêves passant dans cette brise ailée
Qui met de grands frissons dans les doux ajoncs d’or,
Retenez, un instant, l’haleine parfumée
De l’enchanteur passé de la terre d’Arvor.

Puisse le vent cinglant les landes de l’Arrée
Ranimer en nous tous un espoir assoupi !
Puissent les vaillants fils d’une race effacée
Se réveiller enfin de leur somme alangui !

Ses genêts chuchoteurs racontent tant de choses,
Les bruyères en vain voudraient les retenir,
Traduisant leur amour par des apothéoses
Dont les belles couleurs s’accordent à ravir.

Pendant les nuits d’hiver, dans l’ombre, la mort rode,
À l’entour des buissons et dans les chemins creux.
À chaque souvenir une légende brode
Un éclatant manteau d’irréel merveilleux.

Des fantômes épris recherchent des caresses,
Dans leur subtile course en pleine obscurité.
La nuit les décelant aux bises vengeresses,
Ils pleurent leur néant et leur éternité.

Des contes effarants font surgir des histoires,
Des ronces, des cailloux qui bordent les chemins,
Et les bonnes mamans trouvent dans leurs mémoires,
A tous ces revenants, d’authentiques destins.

De chaque pied de sol émane une anecdote,
Tout pouce de terrain exhume son passé,
Mais sous le fin tissu de cette molle cotte,
Est le pays vibrant dans sa virilité.

Aux rochers dentelés, où claquent les rafales,
La mousse, lentement, sans nulle peur s’unit,
Leur faisant, chaque jour, de multiples pétales,
Une corolle amère et digne du granit.

Au rythme de la mer, les Bretons d’Armorique
Unissent fortement le rythme de leurs cœurs,
Et l’on peut voir passer dans toute âme celtique,
La poésie du Rêve aux splendides lueurs.

Collection: 
1927

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