Pendant que la fenêtre était ouverte

IX

Poète, ta fenêtre était ouverte au vent,
Quand celle à qui tout bas ton cœur parle souvent
Sur ton fauteuil posait sa tête :
"Oh ! disait-elle, ami, ne vous y fiez pas !
Parce que maintenant, attachée à vos pas,
Ma vie à votre ombre s’arrête ;

"Parce que mon regard est fixé sur vos yeux ;
Parce que je n’ai plus de sourire joyeux
Que pour votre grave sourire ;
Parce que, de l’amour me faisant un linceul,
Je vous offre mon cœur comme un livre où vous seul
Avez encor le droit d’écrire ;

"Il n’est pas dit qu’enfin je n’aurai pas un jour
La curiosité de troubler votre amour
Et d’alarmer votre œil sévère,
Et l’inquiet caprice et le désir moqueur
De renverser soudain la paix de votre cœur
Comme un enfant renverse un verre !

"Hommes, vous voulez tous qu’une femme ait longtemps
Des fiertés, des hauteurs, puis vous êtes contents,
Dans votre orgueil que rien ne brise,
Quand, aux feux de l’amour qui rayonne sur nous,
Pareille à ces fruits verts que le soleil fait doux,
La hautaine devient soumise !

"Aimez-moi d’être ainsi ! – Ces hommes, ô mon roi,
Que vous voyez passer si froids autour de moi,
Empressés près des autres femmes,

Je n’y veux pas songer, car le repos vous plaît ;
Mais mon œil endormi ferait, s’il le voulait,
De tous ces fronts jaillir des flammes ! "

Elle parlait, charmante et fière et tendre encor,
Laissant sur le dossier de velours à clous d’or
Déborder sa manche traînante ;
Et toi tu croyais voir à ce beau front si doux
Sourire ton vieux livre ouvert sur tes genoux,
Ton Iliade rayonnante !

Beau livre que souvent vous lisez tous les deux !
Elle aime comme toi ces combats hasardeux
Où la guerre agite ses ailes.
Femme, elle ne hait pas, en t’y voyant rêver,
Le poëte qui chante Hélène, et fait lever
Les plus vieux devant les plus belles.

Elle vient là, du haut de ses jeunes amours,
Regarder quelquefois dans le flot des vieux jours
Quelle ombre y fait cette chimère ;
Car, ainsi que d’un mont tombent de vives eaux,
Le passé murmurant sort et coule à ruisseaux
De ton flanc, ô géant Homère !

26 février 1837

Collection: 
1909

More from Poet

  • Mivel ajkamhoz ért színültig teli kelyhed, és sápadt homlokom kezedben nyughatott, mivel beszívtam én nem egyszer drága lelked lehelletét, e mély homályú illatot, mivel titokzatos szived nekem kitárult, s olykor megadatott beszédét hallanom, mivel ott zokogott, mivel mosolyra lágyult szemed...

  • A lába csupaszon, a haja szétziláltan, kákasátorban ült, térdéig meztelen; azt hittem hirtelen, hogy tündérre találtam, s szóltam: A rétre, mondd, eljönnél-e velem? Szeméből rámsütött az a parázs tekintet, amely, ha enged is, szép és győztes marad, s szóltam: A szerelem hónapja hív ma minket,...

  • Olyan a szerelem, mint a gyöngyszemű harmat, amelytől fénylik a szirom, amelyből felszökik, kévéjében a napnak, szivárvány-szikra, miliom. Ne, ne hajolj reá, bárhogy vonz e merész láng, ez a vízcseppbe zárt, percnyi kis fényözön - mi távolabbról: mint a gyémánt, az közelebbről: mint a könny.

  • Pourquoi donc s'en est-il allé, le doux amour ?
    Ils viennent un moment nous faire un peu de jour,
    Puis partent. Ces enfants, que nous croyons les nôtres,
    Sont à quelqu'un qui n'est pas nous. Mais les deux autres,
    Tu ne les vois donc pas, vieillard ? Oui, je les vois,...

  • Puisque nos heures sont remplies
    De trouble et de calamités ;
    Puisque les choses que tu lies
    Se détachent de tous côtés ;

    Puisque nos pères et nos mères
    Sont allés où nous irons tous,
    Puisque des enfants, têtes chères,
    Se sont endormis avant nous ;...