À une jeune épousée

Le livre de la vie est le livre suprême
Dont chaque feuillet fuit sous le doigt curieux ;
Vous êtes arrivée à la page où l’on aime :
On la lit lentement, car on la lit à deux…

Ah ! désormais, goûtez le charme dont s’enivre,
A ce riant passage, une âme de vingt ans,
Et puisse-t-il, fidèle aux vœux qui vont vous suivre,
Éterniser pour vous les douceurs du printemps !…

Vous êtes la beauté, la grâce, la jeunesse,
Ainsi de vos beaux ans s’épanouit la fleur…
Mais, plus douces encor, les fleurs de la tendresse,
Moisson toujours nouvelle, empliront votre cœur.

Soyez heureuse auprès de l’époux qu’on envie !
Que, sur vos deux cadrans où chaque heure a son tour,
L’aiguille au pas furtif qui mesure la vie,
S’arrête en même temps à l’heure de l’amour !

Collection: 
1840

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