O maître souverain ! Dieu de la poésie,
Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
L'astre se lève au ciel de la postérité.
Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :
Si tu fuis aujourd'hui les chaînes de la vie,
C'est pour t'emparer mieux de l'immortalité !
Ah ! tant que notre langue, airain mâle et sonore,
Sur une bouche humaine ira vibrer encore,
Les cœurs s'enflammeront à tes strophes de feu,
Et tes vers créateurs, pleins de sève féconde,
Retentiront pareils à ce Verbe de Dieu,
Qui jadis du néant faisait jaillir un monde !
Juin 1885.