Minutes heureuses

 

VOUS qui m’avez donné des yeux pour voir le ciel,
Et des mains pour presser les mains douces que j’aime,
Qui m’avez fait le don ; Seigneur, ô Dieu suprême,
De lèvres pour baiser sa bouche au goût de miel ;

Vous qui dans ma poitrine avez placé la vie
Que rythment les profonds battements de mon cœur,
De mon cœur plein d’ennui, de joie ou de rancœur,
D’espérance, d’amour, de peine, et non d’envie ;

Seigneur, malgré le mai dont souffre l’être humain,
Malgré les trahisons, les mensonges, les haines,
Merci des jours présents et des heures prochaines !
Accordez-moi de vous bénir encor demain.

Car je n’ai pas toujours regretté sur la terre :
Par mes yeux, par mes mains, par ma bouche, souvent,
J’ai goûté la douceur de vivre, ô Dieu vivant,
O Dieu si grand, si bon à l’âme solitaire !

Collection: 
1898

More from Poet

  • Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
    Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

    Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
    Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

    L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
    De sa large ramure...

  •  

    DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
    Les nuages, pareils à de légers bateaux,
    Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
    Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

    Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
    ...

  •  

    LES Visions du soir passent, comme des vierges
    En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
    Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
    Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

    Les Visions du soir, cortèges angéliques,
    Chantent, dans la...

  •  

    J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
    Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
    Dont le regard semble un crépuscule d’été
    Qui se meurt lentement par un lever de lune.

    Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
    Je vois dans ma pensée éclore son...

  •  

    AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
    Je me regarde vivre avec étonnement :
    Une fierté triomphe en ma stature sombre,
    Et je suis comme un roi promis au firmament !

    J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
    Comme autrefois David...