J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
Dont le regard semble un crépuscule d’été
Qui se meurt lentement par un lever de lune.
Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
Je vois dans ma pensée éclore son sourire,
Et l’instant recueilli me contraint de l’écrire :
Je l’écris, et son âme apparaît au travers.
Personne ne saura celle que je célèbre.
Ces vers conserveront le charme d’un secret.
Son image est au fond de moi, comme un portrait
Dans un salon fermé que le soir enténèbre.
Car c’est un ineffable et familier plaisir
Pour le poète doux d’admirer en lui-même,
Pieusement, les yeux adorables qu’il aime,
Comme on contemple un ciel lointain, sans un désir.
Qu’est la nuit comparée à l’ombre intérieure,
Asile inviolable où des fantômes blancs
Marchent mystérieux et pâles, à pas lents,
Où parfois, dans le noir silence, une voix pleure ?
Mais vous à qui je songe en rêvant de beauté
Sous l’azur dont s’empare à présent la nuit brune,
Vous passez en mon ombre ainsi qu’un clair de lune
Baignant de son argent fluide un soir d’été…