LA mémoire de l’homme est un salon fermé
Où, dans leurs cadres d’or, survivent des figures :
Le temps n’a point pâli les ressemblances pures,
Sous la paupière brille un regard animé.
Des portraits suspendus, quel est le plus aimé ?
Ah ! ton cœur sent monter, depuis longtemps obscures,
Les larmes qu’il versa sur de vieilles blessures !
Ton mal ancien n’est donc pas encore embaumé ?
Dresse sur ton passé l’oubli, comme une porte !
Que de la chambre claire où palpite un lambeau
De ta vie, à jamais rien d’autrefois ne sorte !
Et fais de ta mémoire habitée un tombeau
Où dorme ton amour, comme une blanche morte,
Sans une rose, sans un pleur, sans un flambeau…