(Neuf cents ans avant J.-C.)
C'est moi qui suis le roi, Mesa, fils de Chémos,
J'ai coupé la forêt de pins aux noirs rameaux,
Et j'ai bâti Baal-Méon, ville d'Afrique.
J'ai fait le mur de bois, j'ai fait le mur de brique ;
Et j'ai dit : que chaque homme, à peine de prison,
Se creuse une citerne auprès de sa maison ;
Car en hiver on a deux mois de grandes pluies ;
Afin que les brebis, les chèvres et les truies
Puissent paître dehors au temps des maïs mûrs,
Je réserve aux troupeaux un champ fermé de murs.
C'est moi qui fis la porte et qui fis la tourelle.
Astarté règne, et j'ai fait la guerre pour elle ;
Le dieu Chémos, mon père et son mari, m'aida
Quand je chassai de Gad Omri, roi de Juda.
J'ai construit Aroër, une ville très-forte ;
J'ai bâti la tourelle et j'ai bâti la porte.
Les peuples me louaient parce que j'étais bon ;
J'étais roi de l'armée immense de Dibon
Qui boit en chantant l'ombre et la mort, et qui mêle
Le sang fumant de l'aigle au lait de la chamelle ;
Je marchais, étant juge et prince, à la clarté
De Chémos, de Dagon, de Bel et d'Astarté ;
Et ce sont là les quatre étoiles qui sont reines.
J'ai creusé d'Ur à Tyr des routes souterraines.
Chémos m'a dit : « Reprends Nebo sur Israël. »
Et je n'ai jamais fait que ce que veut le ciel.
Maintenant dans ce puits je ferme la paupière.
Sachez que vous devez adorer cette pierre
Et brûler du bétel devant ce grand tombeau ;
Car j'ai tué tous ceux qui vivaient dans Nebo,
J'ai nourri les corbeaux qui volent dans les nues,
J'ai fait vendre au marché les femmes toutes nues,
J'ai chargé de butin quatre cents éléphants,
J'ai cloué sur des croix tous les petits enfants,
Ma droite a balayé toutes ces races viles
Dans l'ombre, et j'ai rendu leurs anciens noms aux villes.