Les Heures

 

UNE à une, le long du jour passent les Heures,
Semblables et pourtant différentes chacune ;
Aux feux d’or du soleil, aux feux bleus de la lune,
Leur cortège infini traverse nos demeures.

Chantant un air égal sur des notes mineures,
Chacune emporte un peu de notre âme, et plus d’une
S’en retourne chargée, ayant pris pour fortune
Le beau trésor des espérances les meilleures.

Ainsi les Heures vont, cruellement sereines,
Par le monde, portant à leurs fronts, froides reines,
Les couleurs de la vie en changeants diadèmes.

Et successivement chacune naît, expire ;
Et toutes à la fois sont les Heures suprêmes
Qui gouvernent le cœur des hommes, leur empire.

Collection: 
1898

More from Poet

  • Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
    Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

    Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
    Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

    L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
    De sa large ramure...

  •  

    DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
    Les nuages, pareils à de légers bateaux,
    Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
    Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

    Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
    ...

  •  

    LES Visions du soir passent, comme des vierges
    En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
    Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
    Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

    Les Visions du soir, cortèges angéliques,
    Chantent, dans la...

  •  

    J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
    Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
    Dont le regard semble un crépuscule d’été
    Qui se meurt lentement par un lever de lune.

    Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
    Je vois dans ma pensée éclore son...

  •  

    AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
    Je me regarde vivre avec étonnement :
    Une fierté triomphe en ma stature sombre,
    Et je suis comme un roi promis au firmament !

    J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
    Comme autrefois David...