La femme et le poète

Le poète
— Femme ! c'est par mes vers que tu deviens déesse ;
Ils couronnent ton front d'un prestige vainqueur.

La femme
— Poète ! et c'est pourquoi, de ta voix qui caresse,
Nul écho n'a vibré mieux qu'en mon cœur !

Peines partagées

Sur la terre où chacun traîne son poids de chaînes,
L'amour fait supporter un sort hasardeux...
Rire seul est moins doux que de pleurer à deux :
Une volupté naît du partage des peines !....

Le sens du glas mortuaire

Le glas tinte, expliquant le rite funéraire :
Quand une âme s'envole et remonte vers Dieu,
Au vivant éploré, la cloche dit : « Espère ! »
A celui qui s'en va, la cloche dit : « Adieu !... »

L'amour créateur

De mai, jaillit un flux de merveilles fécondes ;
Les astres, de mon sein sont sortis tour à tour.....
Un seul de mes baisers peut engendrer des mondes :
Je suis le créateur, puisque je suis l'amour !....

Collection: 
1893

More from Poet

  • Au déclin du jour, jeune fille,
    Lorsqu'au balcon tu viens t'asseoir,
    Derrière l'épaisse charmille,
    Moi je me cache pour te voir.
    Tendre interprète de ma flamme,
    Chaque voix du soir, à son tour,
    Ne vient-elle pas, ô chère âme !
    En cet instant...

  • Seize ans vous couronnent de roses :
    Toutes les grâces du printemps
    Sur vos traits charmants sont écloses
    Comme des bouquets éclatants.

    Vous avez la rose à la joue,
    Et chacune offre tour à tour
    Une fraîche touffe où se joue
    L’innocence près de l'amour...

  • O maître souverain ! Dieu de la poésie,
    Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
    Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
    L'astre se lève au ciel de la postérité.

    Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
    Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :...

  • Ici bas !

    L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
    A gémi de douleur, devenu fils de l'homme ;
    Car rien n'est descendu sur ce monde odieux,
    Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

    L'arrêt irrévocable

    Éternel...

  • Si de mai l'haleine envolée
    Sur la vallée,
    Mollement soupire et frémit,
    Caressant la pelouse verte
    De fleurs couverte
    Nous disons : la terre sourit...

    Si zéphyr, sur l'azur limpide
    Des mers qu'il ride,
    Baise l'ondine et la poursuit,
    Tandis...