Fuyons ! Voici le temps des roses,
Belle fuyons ! Voici l’été
Qui sème au seuil des portes closes
La poussière de la cité.
Partout où Juillet nous exile,
Si nous aimons, nous trouverons
Un peu d’ombre pour notre asile,
Un reflet d’azur pour nos fronts.
Allons où le veut la fortune
De notre insoucieux essor.
Regarde, ici la terre est brune,
Les filles ont des cheveux d’or.
Ici la plaine humide et noire
S’épanouit et livre au vent
L’inépuisable et chaste gloire
Des lins bleus et des blés mouvants.
Les arbres que les lointains groupent,
Ormes, chênes, grands peupliers
Majestueusement découpent
Des formes droites de piliers.
Mais quand la tempête qui gronde
Mêle leurs rameaux on dirait
Qu’il tombe de la nuit profonde
Moins d’ombre que de la forêt.
Le frisson miroitant des branches
Palpite au bord des lents canaux
Et des scintillations blanches
Moirent les ailes des vanneaux.
Puis là-bas, quand soufflent les brises
Sur les horizons opalins
Vois s’ouvrir d’autres ailes grises,
Les ailes grises des moulins.
La meule grince entre les cerches ;
Les chars gémissent dans les champs ;
Le houblon vert s’enroule aux perches
Et la fumée aux toits penchants.
C’est la grave et forte nature,
La mère aux seins démesurés
Qui fait lever de l’emblavure
Tout l’orgueil des labeurs sacrés,
Et qui, sentant sous les éteules
Frémir la mine aux longs couloirs,
Oppose aux dômes blonds des meules
Des montagnes de charbons noirs.
C’est la terre aux sonores villes
Où s’éveillèrent autrefois
Vos appels, libertés civiles !
Et vos révoltes, ô beffrois !
Dont les cloches semblaient épandre,
Sur les cités et les sillons,
L’âme héroïque de la Flandre
Dans la rameur des carillons.
Aimons ici, près des eaux mornes
Et sous les saules argentés.
Confions nos rêves sans bornes
A ces pâles sérénités.
Aimons sous le ciel qui s’irise.
Au ciel du Nord, frileux et doux,
O belle ! apportons la surprise
Du clair soleil qui luit en nous.
Que notre joie, aube inconnue,
De feux, de splendeurs, de rayons,
Colore l’indécise nue,
Qui flotte aux froids Septentrions.
Fuyons ! Voici le temps des roses,
Belle fuyons ! Voici l’été
Qui sème au seuil des portes closes
La poussière de la cité.
Partout où Juillet nous exile,
Si nous aimons, nous trouverons
Un peu d’ombre pour notre asile,
Un reflet d’azur pour nos fronts.
Allons où le veut la fortune
De notre insoucieux essor.
Regarde, ici la terre est brune,
Les filles ont des cheveux d’or.
Ici la plaine humide et noire
S’épanouit et livre au vent
L’inépuisable et chaste gloire
Des lins bleus et des blés mouvants.
Les arbres que les lointains groupent,
Ormes, chênes, grands peupliers
Majestueusement découpent
Des formes droites de piliers.
Mais quand la tempête qui gronde
Mêle leurs rameaux on dirait
Qu’il tombe de la nuit profonde
Moins d’ombre que de la forêt.
Le frisson miroitant des branches
Palpite au bord des lents canaux
Et des scintillations blanches
Moirent les ailes des vanneaux.
Puis là-bas, quand soufflent les brises
Sur les horizons opalins
Vois s’ouvrir d’autres ailes grises,
Les ailes grises des moulins.
La meule grince entre les cerches ;
Les chars gémissent dans les champs ;
Le houblon vert s’enroule aux perches
Et la fumée aux toits penchants.
C’est la grave et forte nature,
La mère aux seins démesurés
Qui fait lever de l’emblavure
Tout l’orgueil des labeurs sacrés,
Et qui, sentant sous les éteules
Frémir la mine aux longs couloirs,
Oppose aux dômes blonds des meules
Des montagnes de charbons noirs.
C’est la terre aux sonores villes
Où s’éveillèrent autrefois
Vos appels, libertés civiles !
Et vos révoltes, ô beffrois !
Dont les cloches semblaient épandre,
Sur les cités et les sillons,
L’âme héroïque de la Flandre
Dans la rameur des carillons.
Aimons ici, près des eaux mornes
Et sous les saules argentés.
Confions nos rêves sans bornes
A ces pâles sérénités.
Aimons sous le ciel qui s’irise.
Au ciel du Nord, frileux et doux,
O belle ! apportons la surprise
Du clair soleil qui luit en nous.
Que notre joie, aube inconnue,
De feux, de splendeurs, de rayons,
Colore l’indécise nue,
Qui flotte aux froids Septentrions.