Dans la montagne

 

DANS les érables d’or et les érables rouges
Comme de précieux joyaux les feuilles bougent,
Et les rameaux légers font sur l’horizon pur
Des losanges de ciel et des carreaux d’azur.
La montagne, en octobre, est somptueuse et douce.
Un désir d’air sylvestre et de beauté m’y pousse.
J’adore la nuance et le fin coloris.
L’arbre m’est un plaisir constant : je l’ai compris.
L’ambre luit, l’incarnat magnifique flamboie,
Toutes les teintes font comme un grand feu de joie !

Quand un souffle furtif passe dans le soleil,
Ah ! le frémissement de l’arbre est sans pareil !
Rien n’est plus merveilleux, rien n’est plus beau sur terre
Qu’un érable d’automne en un champ, solitaire !
Et la mélancolie auguste de nos bois
Qui, par leurs arbres chers, pleurent tous à la fois !…
Si vous voulez qu’un jour votre âme se recueille,
Allez vous promener aux chemins où la feuille
Tombe, comme un oiseau sans ailes, sous vos pas.
Regardez, c’est divin ! Ne vous arrêtez pas.
Et songez, en errant longtemps à l’aventure,
Comme est diverse et belle et simple la Nature.

Collection: 
1898

More from Poet

  • Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
    Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

    Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
    Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

    L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
    De sa large ramure...

  •  

    DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
    Les nuages, pareils à de légers bateaux,
    Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
    Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

    Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
    ...

  •  

    LES Visions du soir passent, comme des vierges
    En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
    Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
    Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

    Les Visions du soir, cortèges angéliques,
    Chantent, dans la...

  •  

    J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
    Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
    Dont le regard semble un crépuscule d’été
    Qui se meurt lentement par un lever de lune.

    Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
    Je vois dans ma pensée éclore son...

  •  

    AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
    Je me regarde vivre avec étonnement :
    Une fierté triomphe en ma stature sombre,
    Et je suis comme un roi promis au firmament !

    J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
    Comme autrefois David...