MÉDITER de beaux vers, c’est apprendre son âme,
La strophe est un miroir fidèle où l’on se voit
Dans les traits d’un visage ami, pareil à soi,
Avec la même angoisse aux yeux, la même flamme.
Ce que j’ai de secret, un verbe le proclame ;
Ce que j’ai de confus, un mot l’éclaire en moi ;
Et dans sa vérité mon être s’aperçoit,
Cruel et lamentable, ou doux comme une femme.
Je suis là, par moi-même en face regardé,
D’espérance ou de crainte ou d’amour obsédé,
Libre de l’apparence imposée, ― ô misère ! ―
Vraiment tel que je suis intérieurement,
Triste, inquiet, rêveur, inconstant et sincère,
Mais esclave soumis d’une bouche qui ment !