À Madame Marie M.

Oh ! votre œil est timide et votre front est doux.
Mais quoique, par pudeur ou par pitié pour nous,
Vous teniez secrète votre âme,
Quand du souffle d’en haut votre cœur est touché,
Votre cœur, comme un feu sous la cendre caché,
Soudain étincelle et s’enflamme.

Élevez-là souvent cette voix qui se tait.
Quand vous vîntes au jour un rossignol chantait ;
Un astre charmant vous vit naître.
Enfant, pour vous marquer du poétique sceau,
Vous eûtes au chevet de votre heureux berceau
Un dieu, votre père peut-être !

Deux vierges, Poésie et Musique, deux sœurs,
Vous font une pensée infinie en douceurs,
Votre génie a deux aurores,
Et votre esprit tantôt s’épanche en vers touchants,
Tantôt sur le clavier, qui frémit sous vos chants,
S’éparpille en notes sonores !

Oh ! vous faites rêver le poëte, le soir !
Souvent il songe à vous, lorsque le ciel est noir,
Quand minuit déroule ses voiles ;
Car l’âme du poëte, âme d’ombre et d’amour,
Est une fleur des nuits qui s’ouvre après le jour
Et s’épanouit aux étoiles !

Collection: 
1909

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