DÉJÀ des feuilles qui jaunissent !
C’est l’automne avançant un peu
Avec les nuages qui glissent
Dans l’immensité du ciel bleu.
L’air est tiède, le vent tranquille,
Et l’on dirait qu’un grand repos
Enveloppe soudain la ville
Pour préparer des temps nouveaux.
Je n’entends plus mes hirondelles
A l’harmonieux gazouillis :
Peut-être, ce matin, sont-elles
En route pour de chauds pays…
Qu’elles y rencontrent bon gîte,
Insectes à leurs appétits,
Et qu’elles reviennent bien vite
Recommencer d’autres petits !
Autour de leurs maisons désertes
L’hiver glacial soufflera ;
Sur les frêles toitures vertes,
Des jours entiers il neigera.
Puis, avril ramènera l’heure
Accueillante du gai retour,
Et la familière demeure
Reconnaîtra leurs chants d’amour !
Mais les fleurs sont belles encore ;
Les troupeaux broutent dans les champs,
Et la campagne se décore
De paysages attachants.
Partons ! Le lointain nous appelle !
Allons regarder pour l’aimer
La bonne terre maternelle :
Va, mon cœur, va t’en embaumer !
Que de longues routes ombreuses,
Épousant les courbes de l’eau,
Offrent les surprises heureuses
D’un même objet toujours nouveau !
Septembre est propice au voyage ;
L’air est si doux, si beau le bois,
Si charmeur le petit village
Quand il semble encor d’autrefois !
Dans les chemins grattent les poules,
Ayant pour chef de file un coq
Apte a la conduite des foules,
Le port fier, et l’ergot en croc !
Et devant la demeure ancienne,
On aperçoit de vieilles gens
Qui tricotent des bas de laine
De leurs doigts encor diligents.
Antiques foyers, maisons chères,
Les seules où vivent vraiment
Les traditions séculaires !
Chacune est comme un monument.
La voiture file ; on respire
L’odeur du fleuve à pleins poumons ;
On s’extasie, et l’on admire
Le profil gracieux des monts…
Voici l’ombre qui se propage ;
Mon plaisir exquis va finir :
L’inconvénient du voyage,
C’est qu’il faut toujours revenir !