1851. Choix entre deux passants

 
Je vis la Mort, je vis la Honte ; toutes deux
Marchaient au crépuscule au fond du bois hideux.

L’herbe informe était brune et d’un souffle agitée.

Et sur un cheval mort la Mort était montée ;
La Honte cheminait sur un cheval pourri.

Des vagues oiseaux noirs on entendait le cri.

Et la Honte me dit : — Je m’appelle la Joie.
Je vais au bonheur. Viens. L’or, la pourpre, la soie,
Les festins, les palais, les prêtres, les bouffons,
Le rire triomphal sous les vastes plafonds,
Les richesses en hâte ouvrant leurs sacs de piastres,
Les parcs, éden nocturne aux grands arbres pleins d’astres,
Les femmes accourant avec une aube aux fronts,
La fanfare, à sa bouche appuyant les clairons,
Fière, et faisant sonner la gloire dans le cuivre,
Tout cela t'appartient ; viens, tu n’as qu’à me suivre.

Et je lui répondis : — Ton cheval sent mauvais.

La Mort me dit : — Mon nom est Devoir ; et je vais
Au sépulcre, à travers l’angoisse et le prodige.

— As-tu derrière toi de la place ? lui dis-je.

Et depuis lors, tournés vers l’ombre où Dieu paraît,
Nous faisons route ensemble au fond de la forêt.

Collection: 
1822

More from Poet

  • Mivel ajkamhoz ért színültig teli kelyhed, és sápadt homlokom kezedben nyughatott, mivel beszívtam én nem egyszer drága lelked lehelletét, e mély homályú illatot, mivel titokzatos szived nekem kitárult, s olykor megadatott beszédét hallanom, mivel ott zokogott, mivel mosolyra lágyult szemed...

  • A lába csupaszon, a haja szétziláltan, kákasátorban ült, térdéig meztelen; azt hittem hirtelen, hogy tündérre találtam, s szóltam: A rétre, mondd, eljönnél-e velem? Szeméből rámsütött az a parázs tekintet, amely, ha enged is, szép és győztes marad, s szóltam: A szerelem hónapja hív ma minket,...

  • Olyan a szerelem, mint a gyöngyszemű harmat, amelytől fénylik a szirom, amelyből felszökik, kévéjében a napnak, szivárvány-szikra, miliom. Ne, ne hajolj reá, bárhogy vonz e merész láng, ez a vízcseppbe zárt, percnyi kis fényözön - mi távolabbról: mint a gyémánt, az közelebbről: mint a könny.

  • Pourquoi donc s'en est-il allé, le doux amour ?
    Ils viennent un moment nous faire un peu de jour,
    Puis partent. Ces enfants, que nous croyons les nôtres,
    Sont à quelqu'un qui n'est pas nous. Mais les deux autres,
    Tu ne les vois donc pas, vieillard ? Oui, je les vois,...

  • Puisque nos heures sont remplies
    De trouble et de calamités ;
    Puisque les choses que tu lies
    Se détachent de tous côtés ;

    Puisque nos pères et nos mères
    Sont allés où nous irons tous,
    Puisque des enfants, têtes chères,
    Se sont endormis avant nous ;...