Le Sonnet

 

SONNET, qui dis beaucoup en prenant peu d’espace,
Goutte d’essence en un flacon de cristal pur ;
Humble bijou d’argent ouvragé d’un art sûr,
Qui restes, quand l’éclat hautain de l’ode passe ;

Jeu fin de poésie où l’esprit se délasse ;
Petit tableau de maître enfermant tout l’azur ;
Chose pleine et légère ainsi qu’un épi mûr ;
Etroit sonnet où l’âme immense trouve place ;

Sonnet, flûte de buis dont le quadruple son
Chante, en l’éternisant, l’émoi bref du frisson ;
Ecrin de grâce où luit la perle d’une larme ;

Sonnet, gentil sonnet plus que l’or précieux,
Je te rime avec soin, te polis avec charme,
En croyant ciseler une étoile des cieux !

Collection: 
1898

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Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

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L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
De sa large ramure...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
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Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

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...

 

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Les Visions du soir, cortèges angéliques,
Chantent, dans la...

 

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