Le Parnasse contemporain/1866/Miserrimus

La poésie aussi compte ses Lapeyrouses,
Marins prédestinés aux tempêtes jalouses,
Dignes pourtant d’un meilleur sort ;
Voyageurs qui partaient sous les blondes étoiles,
Heureux, fiers du bon vent qui soufflait dans leurs voiles,
Mais qui n’ont pas trouvé de port !

Au moins pour quelques-uns il reste sur la grève
Un blanc et doux fanal, une écharpe qu’on rêve,
Et qui contraint à croire en Dieu ;
Mais moi, je m’en irai, pauvre astre solitaire,
Sans clarté fraternelle, et je fuirai la terre
Sans avoir à qui dire adieu.

Collection: 
1971

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« Vers la terre où bientôt les citrons vont mûrir,
» Vers l’ombre que versait la maison regrettée,
» Vers les sentiers perdus de la grotte enchantée,
» Il nous faut fuir, mon père, ou bien je vais mourir. »
Ainsi chantait Mignon, lasse de trop souffrir.
Ainsi chante...

Je ne suis pas celui qui s’éprend des fontaines,
Des sables d’or, des lacs, des lueurs incertaines
Que l’aurore répand sur les bois, — et mon cœur
Ne s’éparpille pas dans les notes du chœur
Qu’avec ses fleurs, ses eaux et ses firmaments chante
La nature brutale,...

Quand j’ai gagné tous ces volumes,
J’étais encor petit garçon ;
Mais j’usais très-vite mes plumes
Et j’apprenais bien ma leçon.

Maintenant que mon front grisonne,
Je ressuscite et je souris,
Fils bien aimé, quand je te donne
Mon trésor d’enfant, mes...

La poésie aussi compte ses Lapeyrouses,
Marins prédestinés aux tempêtes jalouses,
Dignes pourtant d’un meilleur sort ;
Voyageurs qui partaient sous les blondes étoiles,
Heureux, fiers du bon vent qui soufflait...

La pensée a des jours ineffablement calmes,
Où la gloire effraierait comme un vice ; où les palmes,
Où les bravos, où tout appareil de grandeur
Déconcertent le goût et blessent la pudeur.
On vit, on est content de vivre ! Les plans vastes
Sont bien loin ! On est las...