« Vers la terre où bientôt les citrons vont mûrir,
» Vers l’ombre que versait la maison regrettée,
» Vers les sentiers perdus de la grotte enchantée,
» Il nous faut fuir, mon père, ou bien je vais mourir. »
Ainsi chantait Mignon, lasse de trop souffrir.
Ainsi chante mon âme, et la pauvre attristée
Me dit, les yeux en pleurs, de sa voix tourmentée :
« Si tu veux que je vive, oh ! laisse-moi partir ! »
Mais ce qu’elle voudrait, mon âme désolée,
Ce n’est pas l’eau du lac, les fleurs de la vallée,
Le vent toujours léger, le ciel toujours serein :
Il lui faut seulement, pour qu’elle se ranime,
S’agenouiller, tremblante, au Panthéon sublime
Où resplendit votre œuvre, ô maître souverain !
Le Parnasse contemporain/1866/À V… H…
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