J’OUVRE un livre, et c’est comme une voix que j’entends.
Un visage adorable apparaît dans les lignes.
Si je lis Rodenbach, je vois nager des cygnes
Sur des canaux et dans la brume aux plis flottants.
Je vois des ciels, des mers, des jardins éclatants,
Par le miraculeux pouvoir de petits signes ;
Et j’écoute, égayé, ― faveur des plus insignes, ―
Une reine me dire un conte du vieux temps.
Avec un livre, on ne craint pas la solitude.
Le livre, c’est l’ami dont on a l’habitude,
Dont la joie est la nôtre et fa douleur aussi ;
Le miroir où le cœur se regarde lui-même,
Étonné de se voir à nu, triste et saisi
Devant la ressemblance effrayante et suprême !