Tricorne galonné, jabot et haute canne,
Tel, jadis, abordant au sable de la crique,
Il vint à Saint-Domingue ou à la Martinique
Cultiver le café, le tabac et la canne.
A l'âpre venaison que l'esclave boucane
Il préféra les fruits de la molle Amérique,
Il but les tafias et les rhums en barrique
Sous la véranda fraîche où grimpe la liane.
Sa silhouette exacte, arrogante et correcte
Sur le papier de riz où le temps la respecte,
Se découpe comme son ombre contre un mur,
Et sans doute il voulut, cambrant ses mollets maigres,
Que ce profil à l'encre et ce portrait obscur
Attestassent, un jour, qu'il vécut chez les nègres.