Le baiser de Marie

Ton baiser, aimable Marie,
Est bien parvenu jusqu'à moi,
Comme une colombe chérie
Qui palpite d'un doux émoi.

Charmant messager de tendresse,
Timide, il tremblait de frayeur ;
J'ai senti sa chaude caresse
Passer de ma lèvre à mon cœur....

Quelle peur le troublait en route
Quand il s'est mis à voyager !
Ah ! c'est qu'il redoutait sans doute
De se perdre en son vol léger ;

Et de ne pouvoir se défendre
De quelques-uns de ces réseaux
Que tendent maints chasseurs, pour prendre
Les baisers comme les oiseaux....

Mais, non plus seul, je le renvoie
Vers ta bouche, son nid mignon,
Car le mien s'élance avec joie
Pour être son doux compagnon.

Collection: 
1868

More from Poet

Au déclin du jour, jeune fille,
Lorsqu'au balcon tu viens t'asseoir,
Derrière l'épaisse charmille,
Moi je me cache pour te voir.
Tendre interprète de ma flamme,
Chaque voix du soir, à son tour,
Ne vient-elle pas, ô chère âme !
En cet instant...

Seize ans vous couronnent de roses :
Toutes les grâces du printemps
Sur vos traits charmants sont écloses
Comme des bouquets éclatants.

Vous avez la rose à la joue,
Et chacune offre tour à tour
Une fraîche touffe où se joue
L’innocence près de l'amour...

O maître souverain ! Dieu de la poésie,
Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
L'astre se lève au ciel de la postérité.

Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :...

Ici bas !

L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
A gémi de douleur, devenu fils de l'homme ;
Car rien n'est descendu sur ce monde odieux,
Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

L'arrêt irrévocable

Éternel...

Si de mai l'haleine envolée
Sur la vallée,
Mollement soupire et frémit,
Caressant la pelouse verte
De fleurs couverte
Nous disons : la terre sourit...

Si zéphyr, sur l'azur limpide
Des mers qu'il ride,
Baise l'ondine et la poursuit,
Tandis...