La Trêve

 

SAVOURONS l’heure lente, et l’ombre, et le silence
Que notre âme au repos se berce et se balance
Comme un arbre tranquille au vent mélodieux
Nous avons trop vécu de jours laborieux :
Déposons le fardeau des tâches et des peines,
Et regardons briller les étoiles sereines…
Comme nous sommes fous d’oublier tant le ciel
Nous que hante un désir de bonheur immortel,
C’est vers lui qu’il nous faut lever le front sans cesse
Vers lui, car il en est la suprême promesse !

AU calme qui descend du firmament obscur,
Mon esprit le devine et mon cœur en est sûr !
Vers la voûte étoilée élevons nos prunelles :
Il tombera toujours de la lumière en elles.
Une fois chaque soir, apprenons à goûter
L’heure sombre, qui fait en nous tant de clarté ;
Et laissons nos chagrins s’endormir d’un long somme,
Puisqu’il faudra souffrir demain comme un pauvre homme !…

Collection: 
1898

More from Poet

  • Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
    Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

    Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
    Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

    L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
    De sa large ramure...

  •  

    DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
    Les nuages, pareils à de légers bateaux,
    Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
    Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

    Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
    ...

  •  

    LES Visions du soir passent, comme des vierges
    En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
    Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
    Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

    Les Visions du soir, cortèges angéliques,
    Chantent, dans la...

  •  

    J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
    Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
    Dont le regard semble un crépuscule d’été
    Qui se meurt lentement par un lever de lune.

    Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
    Je vois dans ma pensée éclore son...

  •  

    AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
    Je me regarde vivre avec étonnement :
    Une fierté triomphe en ma stature sombre,
    Et je suis comme un roi promis au firmament !

    J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
    Comme autrefois David...