Me voilà, je suis un éphèbe,
Mes seize ans sont d'azur baignés ;
Guerre, déesse de l'érèbe,
Sombre guerre aux cris indignés,
Je viens à toi, la nuit est noire !
Puisque Xercès est le plus fort,
Prends-moi pour la lutte et la gloire
Et pour la tombe ; mais d'abord
Toi dont le glaive est le ministre,
Toi que l'éclair suit dans les cieux,
Choisis-moi de ta main sinistre
Une belle fille aux doux yeux,
Qui ne sache pas autre chose
Que rire d'un rire ingénu,
Qui soit divine, ayant la rose
Aux deux pointes de son sein nu,
Et ne soit pas plus importune
À l'homme plein du noir destin
Que ne l'est au profond Neptune
La vive étoile du matin.
Donne-la-moi, que je la presse
Vite sur mon cœur enflammé,
Je veux bien mourir, ô déesse,
Mais pas avant d'avoir aimé.