Je le trouvai

Je le trouvai assis près des étoffes bleues et crues
dont il faisait le commerce pour le Sénégal.
L’été chaud était frais parce que dans la rue
l’arrosage vert était traîné par un cheval.

Il ressemblait à Robert-Robert, au collégien
malade et rêvasseur des maisons antiques
où les paons longs se balancent près des grilles,
dans la cour, près des colonnes d’ordre dorien,

au collégien qui allait aux Indes.
Et, pendant que je me taisais, l’ombre du soleil
tombait sur des choses nègres, et dans l’odeur des tissus teints
le Sénégal pleurait dans sa cuillère en bois.

                                                                                         1895.

Collection: 
1888

More from Poet

Vous m’avez regardé avec toute votre âme.
Vous m’avez regardé longtemps comme un ciel bleu.
J’ai mis votre regard à l’ombre de mes yeux…
Que ce regard était passionné et calme…

Voici les mois d'automne et les cailles graisseuses
s'en vont, et le râle aux prairies pluvieuses
cherche, comme en coulant, les minces escargots.
Il y a déjà eu, arrivant des coteaux,
un vol flexible et mou de petites outardes,
et des vanneaux, aux longues ailes...

Voici le grand azur qui inonde la petite ville.
Les paysans sont arrivés pour le marché.
Des petits enfants ont des bas couleur de cerise.
Ils sont venus le long de la fraîcheur des haies.

Là-bas, la neige des montagnes casse le ciel.
Oh ! que tout cela est...

Les villages brillent au soleil dans les plaines,
pleins de clochers, de rivières, d’auberges noires,
au soleil ou sous la pluie grise ou dans la neige
avec des cris aigus de coqs, avec des blés,

avec des chars qui vont lentement aux labours,
avec des charrues qui...

Le village à midi. La mouche d’or bourdonne
                      entre les cornes des bœufs.
                      Nous irons, si tu le veux,
Si tu le veux, dans la campagne monotone.

Entends le coq... Entends la cloche... Entends le paon......