DERNIER Soleil d’hiver sur la neige dernière,
Qui détrempes la route où se creuse l’ornière ;
Soleil clair, que les vents continuels du Nord,
En passant, ont terni, comme un grand disque d’or ;
Soleil pâle qui meurs et qui renaîtras rouge
Sur une neige rose et blanche encor, qui bouge
Aux branches des pommiers et s’éparpille au sol ;
Qui fais, comme une fleur, s’ouvrir le parasol ;
Innombrable soleil qui t’en vas et qui restes ;
Même Soleil toujours nouveau des mois agrestes
Et des mois dépouillés de grâce et de rayons ;
Soleil, père béni des résurrections,
Gloire à toi !
L’arbre va frémir dans ses racines,
Et les jardins encenseront d’odeurs divines
La lune curieuse entre les toits montant.
Gloire à toi, car l’Hiver expire en cet instant,
L’Hiver triste, l’Hiver qui fait les vitres blanches,
Et dont les jours voilés paraissent des revanches.
Gloire à toi, le Vainqueur ! L’Unique, gloire à toi !
Dans ta vertu, dans ta clarté, j’ai mis ma foi !
Comme en la mer, descends en mon âme profonde,
Soleil de Dieu, Beauté lumineuse du monde !