Dieu invisible au philosophe

Le philosophe allait sur son âne ; prophète,
Prunelle devant l’ombre horrible stupéfaite,
Il allait, il pensait.

Il allait, il pensait. Devin des nations,
Il vendait aux païens des malédictions,
Sans savoir si des mains dans les ténèbres blêmes
S’ouvraient pour recevoir ses vagues anathèmes.

Il venait de Phétor ; il allait chez Balac,
Fils des Gomorrhéens qui dorment sous le lac,
Mage d’Assur et roi du peuple moabite.
Il avait quitté l’ombre où l’épouvante habite,
Et le hideux abri des chênes chevelus
Que l’ouragan secoue en ses larges reflux.
Morne, il laissait marcher au hasard sa monture,
Son esprit cheminant dans une autre aventure ;
Il se demandait : « Tout est-il vide ? et le fond
N’est-il que de l’abîme où des spectres s’en vont ?
L’ombre prodigieuse est-elle une personne ?
Le flot qui murmure, est-ce une voix qui raisonne ?
Depuis quatre-vingts ans, je vis dans un réduit,
Regardant la sueur des antres de la nuit,
Écoutant les sanglots de l’air dans les nuées.
Le gouffre est-il vivant ? Larves exténuées,
Qu’est-ce que nous cherchons ? Je sais l’assyrien,
L’arabe, le persan, l’hébreu ; je ne sais rien.
De quel profond néant sommes-nous les ministres ?…»
Ainsi, pâle, il songeait sous les branches sinistres,
Les cheveux hérissés par les souffles des bois.
L’âne s’arrêta court et lui dit : « Je le vois. »

Collection: 
1822

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