L’AVARE avec son or vit seul, mais il est triste.
Qui ne sait partager ne saura pas aimer.
Doux est d’ouvrir son cœur, dur est de le fermer
Et d’en jouir, tremblant d’une crainte égoïste.
Qu’à l’appel fraternel ta porte ne résiste !
L’accueil est la moitié du don, qui sait charmer.
Sois téméraire et grand ! Tu sauras désarmer
L’hôte dont le dessein est louche, s’il insiste !
La confiance est le premier pas de l’amour.
Si tu veux qu’il s’installe en toi, fais qu’en retour
Le doute dont ton cœur est clos faiblisse et meure.
Car celui-là peut bien tout souffrir ici-bas,
Qui, seul sur son trésor veille, redoute et pleure,
Et, de peur de donner en vain, ne donne pas !