Au Curé Labelle

 
D’un amour infini vous brûlez pour l’Église,
Par le flot du progrès vous êtes emporté ;
En deux sublimes parts votre âme se divise :
L’une appartient au Christ, l’autre à l’humanité.

Emparons-nous du sol ! ― voilà votre devise,
Et, le front rayonnant d’une mâle fierté,
Vous poursuivez toujours quelque vaste entreprise
Pour donner du travail au bras déshérité.

Un jour que sur les champs croulait à flots la neige,
Vers la ville on vous vit guider un long cortège
Portant aux indigents du bois avec du pain.

Des plus purs dévoûments vous nous donnez l’exemple…
Et le peuple en son cœur déjà vous dresse un temple
Plus stable qu’un pilier de granit ou d’airain.

Collection: 
1904

More from Poet

Notre langue naquit aux lèvres des Gaulois.
Ses mots sont caressants, ses règles sont sévères,
Et, faite pour chanter les gloires d'autrefois,
Elle a puisé son souffle aux refrains des trouvères.

Elle a le charme exquis du timbre des Latins,
Le séduisant brio du...

La nuit d'hiver étend son aile diaphane
Sur l'immobilité morne de la savane
Qui regarde monter, dans le recueillement,
La lune, à l'horizon, comme un saint-sacrement.
L'azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
Brille à travers les fûts de la forêt profonde....

Derrière deux grands boeufs ou deux lourds percherons,
L'homme marche courbé dans le pré solitaire,
Ses poignets musculeux rivés aux mancherons
De la charrue ouvrant le ventre de la terre.

Au pied d'un coteau vert noyé dans les rayons,
Les yeux toujours fixés sur...

C'est un après-midi du Nord.
Le ciel est blanc et morne. Il neige ;
Et l'arbre du chemin se tord
Sous la rafale qui l'assiège.

Depuis l'aurore, il neige à flots ;
Tout s'efface sous la tourmente.
A travers ses rauques sanglots
Une cloche au loin se...

 
À Mme C. P.

La jeune mère, avec son fils, sur le gazon
Du parc vient de humer la brise printanière.
Le soleil moribond de sa lueur dernière
Empourpre vaguement le bord de l’horizon.

À peine le baiser du vent met un frisson
Dans les...