Amazilie

 
Oh ! that the desert were my dwelling place
With one fair spirit for my minister,
That I might all forget the human race,
And hating no one, love but only her !
(BYRON.)

Que vous ai-je donc fait, ô mes jeunes années,
Pour m’avoir fui si vite et vous être éloignées,
Me croyant satisfait ?
Hélas ! pour revenir m’apparaître si belles,
Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes,
Que vous ai-je donc fait ?
(V. HUGO.)

Ami, la nuit, souvent, aux heures d’insomnie,
Quand je rêve attristé,
Des lointains souvenirs le mystique génie
S’assied à mon côté.

Des savanes, des pins, des ondes du vieux fleuve
J’entends la grande voix,
Et mon âme renaît à la vie et s’abreuve
Aux sources d’autrefois,

A ce passé lointain de la belle jeunesse
Qui ne laisse, après lui,
Que désenchantement, amertume, tristesse,
Immense et morne ennui.

A mes yeux éblouis mille beautés créoles
Apparaissent en chœur :
L’imaginaire écho de leurs douces paroles
Fait tressaillir mon cœur.

Une surtout…Hélas ! ami, qu’elle était belle
Quand je la vis, un soir !
Quels doux rayons tombaient de la vive prunelle
De son limpide œil noir !

Je me disais : C’est là ma créole inconnue,
La femme de mes vœux !
Dans mes songes d’amour je t’avais entrevue,
O vierge aux noirs cheveux !

Oh ! que ne puis-je vivre avec toi, solitaire,
Près d’un bayou sans nom,
Et là, réaliser, une fois sur la terre,
Le rêve de Byron !

Que ne puis-je… Le Temps a fait un pas… Sa vie
A coulé comme l’eau.
Sous le saule qui pleure, on lit : « Amazilie »,
Au marbre d’un tombeau

Paris, juillet 1838.

Collection: 
1830

More from Poet

 
Though the strained mast should quiver as a reed,
And the rent canvass fluttering strew the gale,
Still must I on…
(BYRON.)

Oui, le Vaillant a bien accompli son voyage !
Il a franchi le golfe en cinq jours de sillage.
Le ...

 
Je le sens, pour une âme tendre,
Un amour malheureux est encore un bonheur.
(DESBORDES VALMORE.)

La vierge, ange des cieux, qui dorait notre vie,
Dans un jour de malheur peut nous être ravie :
Mais ce qui ne fuit pas, mais l’éternel trésor...

 
Is there a man of soul so dead,
Who never to himself hath said :
This is my own, my native land !
(W. SCOTT)

Adieu, frère créole, ami d’enfance, adieu !...
Vogue sur l’Océan, à la merci de Dieu !
Comme un coursier sans frein qui jette...

 
Le soir ramène le silence.
………………………
Je suis, dans le vague des airs,
Le char de la nuit qui s’avance.
(LAMARTINE.)

La lune du Lacombe argente les deux rives :
Pas un bruit de roseaux ni de feuilles plaintives.
Au camp...

 
O Dieu ! si tu m’avais donné une femme selon mes désirs ;
si, comme à notre premier père, tu m’eusses amené par la
main une Ève tirée de moi-même !
(CHATEAUBRIAND.)

Je me disais : La vie est triste et monotone !
Et quoi ! toujours, toujours...