S’il est au monde une beauté
qui de Corneille ait hérité,
vous possédez cet apanage.
L’enfant dont je me suis chargé
n’a point l’art des vers en partage ;
vous l’avez : c’est un avantage
qui m’a quelquefois affligé,
et que doit fuir tout homme sage.
Ce dangereux et beau talent
est pour vous un simple ornement,
un pompon de plus à votre âge ;
mais quand un homme a le malheur
d’avoir fait en forme un ouvrage,
et quand il est monsieur l’auteur,
c’est un métier dont il enrage.
Les vers, la musique, l’amour,
sont les charmes de notre vie ;
le sage en a la fantaisie,
et sait les goûter tour à tour :
s’y livrer toujours, c’est folie.
Épître 93
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