Émigrants !

Ô pauvres insensés, quittant votre chaumière,
Pour courir, acharnés, vers un but inconnu.
Bretons, croyez-vous donc que la Ville Lumière
Soit un paisible abri pour un cœur éperdu ?

Croyez-vous que Paris entendra la prière
Qu’élèvera vers lui un pauvre être déçu ?…
Gardez-vous de glisser, car profonde est l’ornière,
Quiconque y trébucha fut un homme perdu !

Là-bas, on n’est pas mieux, méfiez-vous des rêves,
Les heures comme ici sont brutales et brèves,
La vie tout comme ici est faite de tracas.

La terre vous appelle et tout en elle vibre,
Elle a pétri chez vous sa force en chaque fibre,
Cet amour peut dormir, jamais il ne mourra !

Collection: 
1927

More from Poet

  • Ô beaux rêves passant dans cette brise ailée
    Qui met de grands frissons dans les doux ajoncs d’or,
    Retenez, un instant, l’haleine parfumée
    De l’enchanteur passé de la terre d’Arvor.

    Puisse le vent cinglant les landes de l’Arrée...

  • Quand les vents de Gwalarn soufflent avec furie,
    Sur le dur continent, des effluves de mer,
    Le vieil Arré geignant, millénaire manie,
    Hume discrètement quelque parfum amer.

    Cet humble souvenir évoque la magie
    Des temps audacieux d’avant l’âge de fer,
    Où l’...

  • Dans le silence où rien, par ce soir, ne palpite,
    De belles vox, soudain, ont surgi des échos ;
    À cet appel fervent, le doute lourd s’effrite,
    S’efface dans l’église au bruit de mes sabots.

    Alors, dans la pénombre, où conversent des âmes,
    Auréolant le rêve au gré...

  • Courbé sur son pen-baz de chêne,
    Le vagabond par les chemins,
    Sent sa noire besace pleine
    De cauchemars et de chagrins.
    Il a si peur de la police
    Qu’il en tremble, le malheureux.
    Il faut pour l’ordre qu’on sévisse…
    Allons, décampez, vous, les gueux !...

  • Je m’ennuie, je m’ennuie
    Sans la pluie.
    Je déteste ce ciel où luit trop de soleil
    Et ces rochers osant se teinter de vermeil.
    Moi, j’aime voir...