À un poète

Lorsqu’on m’offre un vieux vin, noble sang de la vigne,
Quel que soit le calice où coule la liqueur,
— Grès ou cristal, — je bois ce bon vin, toujours digne
De mon gosier de franc buveur.

Mais lorsque m’est offert le nectar de l’Idée,
Je ne le puis goûter qu’en un vase charmant :
Buveur ivre du beau, je veux le diamant
Pour qu’au gré de ma soif la coupe soit vidée.

Aussi lorsque ta main, poète ! m’a versé,
Dans la coupe du rythme, un flot de poésie,
J’ai vu briller dans l’or cette liqueur choisie
Et je l’ai savourée en buveur empressé.

Collection: 
1868

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Au déclin du jour, jeune fille,
Lorsqu'au balcon tu viens t'asseoir,
Derrière l'épaisse charmille,
Moi je me cache pour te voir.
Tendre interprète de ma flamme,
Chaque voix du soir, à son tour,
Ne vient-elle pas, ô chère âme !
En cet instant...

Seize ans vous couronnent de roses :
Toutes les grâces du printemps
Sur vos traits charmants sont écloses
Comme des bouquets éclatants.

Vous avez la rose à la joue,
Et chacune offre tour à tour
Une fraîche touffe où se joue
L’innocence près de l'amour...

O maître souverain ! Dieu de la poésie,
Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
L'astre se lève au ciel de la postérité.

Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :...

Ici bas !

L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
A gémi de douleur, devenu fils de l'homme ;
Car rien n'est descendu sur ce monde odieux,
Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

L'arrêt irrévocable

Éternel...

Si de mai l'haleine envolée
Sur la vallée,
Mollement soupire et frémit,
Caressant la pelouse verte
De fleurs couverte
Nous disons : la terre sourit...

Si zéphyr, sur l'azur limpide
Des mers qu'il ride,
Baise l'ondine et la poursuit,
Tandis...