Mai sourit au firmament,
Mai, le mois des douces choses ;
Ton aveu le plus charmant
Est venu le jour des roses.
Pour témoins de ce bonheur
Nous avons pris, ô ma belle,
Le premier lilas en fleur,
Et la première hirondelle.
Le vallon sait notre amour,
Les grands bois sont nos complices ;
Les lis gardent, loin du jour,
Ton secret, dans leurs calices !
Les papillons nuancés
Et les vertes demoiselles
Portent tes serments tracés
Sur la poudre de leurs ailes.
L’étreinte des lierres frais,
Verts chaînons que rien ne brise,
Figure, dans les forêts,
L’ardeur que tu m’as promise.
Et pour qu’à notre dessein
Ton souvenir soit fidèle,
Sur les rondeurs de ton sein,
Tous les nids ont pris modèle.
Oh ! Ne trahis pas ta foi !
Regarde, mon cœur, regarde :
Tout l’azur a l’œil sur toi,
Et tout le printemps te garde !
Si tu venais à mentir,
Les muguets, aux fines branches,
Feraient tous, pour m’avertir,
Tinter leurs clochettes blanches ;
Les limaçons consternés,
Comme des prophètes mornes,
Par les chemins détournés,
Me suivraient avec des cornes ;
Et les oiseaux, dans la nuit,
Se heurtant à ma fenêtre,
Me rapporteraient le bruit
De ta rigueur prête à naître !
Hélas ! Hélas ! Les beaux jours
N’ont qu’un temps, comme les roses.
J’ai peur des grands étés lourds
Et des grands hivers moroses !
Ces mois-là n’ont rien promis,
Et tous les crimes s’y peuvent,
Sans que les blés endormis
Ou les glaçons froids s’émeuvent.
O mon ange ! ô mon trésor !
Cher bonheur que Dieu me donne,
Jure-moi d’aimer encor,
Lorsque jaunira l’automne !
Jure-moi !… ― mais tu souris
De mes alarmes trop fortes…
Viens !… les rameaux sont fleuris,
Oublions les feuilles mortes !