Un amour malheureux est un bonheur encore.
(Mme Desbordes Valmore)
Il faut te fuir, séduisante Corinne ;
Il faut te fuir et ne plus te revoir :
De tes attraits la puissance divine
Troubla mon être, et dicta ce devoir.
J’ai vu tes yeux où la candeur respire,
Tes traits charmants, ton sourire enchanteur ;
Ta douce voix a causé mon délire,
Et, désormais, le tourment de mon cœur.
Oui, c’en est fait, ton image chérie
A pour jamais pris place dans mon cœur ;
Pour l’effacer, il faut m’ôter la vie,
Qui n’est pour moi qu’une lente douleur.
Félicité, fantôme imaginaire,
Qu’en vain mon cœur essaya de saisir !
Ah ! ne sois plus une vaine chimère
Qui se complaise à me faire souffrir.
Ne plus te voir !… qui pourrait y souscrire ?
Ne plus t’entendre ! oh ! ce serait affreux.
Je puis t’aimer, sans jamais te le dire,
Ah ! je le sens, c’est encore être heureux.
Février 1839