Toujours

 
Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
A ces blessures qu’il adore.

Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.

De vertu, d’art enivre-toi,
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre comme un roi,
Et, n’étant pas Dieu, sois poète !

Aimer, rêver, seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et se va perdre dans l’espace :

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparaît l’âme.

Consume-toi donc : tout flambeau
Jette, en brûlant, de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau,
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant :
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !


Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
A ces blessures qu’il adore.

Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.

De vertu, d’art enivre-toi ;
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre comme un roi,
Et n’étant pas Dieu, sois poète !

Aimer, rêver seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et se va perdre dans l’espace :

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparaît l’âme.

Consume-toi donc : tout flambeau
Jette en brûlant de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau,
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant :
Avant de replonger au gouffre.
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !

Collection: 
1906

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