Ô mon âme, épervier d’Allah, d’un vol altier
Viens et monte, et planant sur l’univers entier,
Embrassant d’un regard toutes les créatures,
Les formes d’autrefois et les formes futures,
Ces apparitions, des visions d’un jour,
Qui font trembler les coeurs de terreur ou d’amour,
Contemple l’océan des effets et des causes,
Et médite devant le spectacle des choses.
Comme la mer qu’agite et que pousse le vent,
Vois-tu rouler au loin dans l’infini vivant
Les générations qui naissent et qui meurent ?
Parmi les bruits confus, entends-tu ceux qui pleurent ?
Entends-tu se mêler le rire et les sanglots,
Pareils à la clameur monotone des flots ?
Mortel, as-tu compris que tout n’est qu’apparence,
Et ton orgueil encor garde-t-il l’espérance
De remplir tous les temps futurs de son néant ?
– Pourtant, plonge sans peur en ce gouffre béant,
Ainsi que l’épervier plongeant dans la tempête :
Car ce grand rêve une heure a passé dans ta tête ;
Tu fus la goutte d’eau qui reflète les cieux,
Et l’univers entier est entré dans tes yeux :
– Et bénis donc Allah, qui t’a pendant cette heure
Laissé, comme un oiseau, traverser sa demeure.
L’Épervier d’Allah
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