• A Mme J.R. Thibaudeau

    Madame, dans la longue et brillante série
    Des bonheurs radieux que Dieu vous a donnés,
    Vous avez, comme nous, des moments fortunés,
    Plus ou moins caressants pour votre âme attendrie.

    Or l'instant le plus beau - minute, heure fleurie ! -
    Dont vos jours si sereins se soient illuminés,
    C'est sans doute celui dont ---vous me...

  • Pittoresque manoir, retraite hospitalière
    Où Papineau vaincu coula ses derniers jours,
    J'aime à revoir tes murs, ta terrasse, tes tours
    Secouant au soleil leur panache de lierre.

    Qui suit de tes sentiers la courbe irrégulière,
    En s'égarant sous bois, s'imagine toujours
    Voir, dans le calme ombreux de leurs secrets détours,
    Glisser du grand tribun l'...

  • L'eau qui se précipite en énorme volume,
    Heurtant l'angle des rocs sur leur base tremblants,
    Avec de longs cris sourds roule en tourbillons blancs
    C'est le fleuve qui prend sa course dans la brume.

    Comme un cheval fougueux dont on saigne les flancs,
    Il se cabre d'abord, puis court, bondit, écume,
    Et va dans le lointain cacher son flot qui fume,
    ...

  • Jours de deuil ! Plus de nids sous le feuillage vert ;
    Les chantres de l'été désertent nos bocages ;
    On n'entend que le cri de l'oiseau dans les cages,
    Avec les coups de bec sonores du pivert.

    De jaunissants débris le gazon s'est couvert ;
    Les grands boeufs tristement reviennent des pacages ;
    Et la sarcelle brune, au bord des marécages,
    Prend son...

  • La tempête a cessé. L'éther vif et limpide
    A jeté sur le fleuve un tapis d'argent clair,
    Où l'ardent patineur au jarret intrépide
    Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.

    La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
    Bravant sous les peaux d'ours les morsures de l'air,
    Au son des grelots d'or de son cheval rapide,
    À nos yeux éblouis passe comme...

  • Robuste, et largement appuyé sur sa base,
    Le colosse trapu s'avance au sein des flots ;
    Sur son flanc tout couvert de pins et de bouleaux
    Un nuage s'étend comme un voile de gaze.

    Sur son vaste sommet, de merveilleux tableaux
    Se déroulent devant le regard en extase ;
    Et vous suivez des yeux chaque voile qui rase,
    Dix-huit cents pieds sous vous, le...

  • C'est la fenaison ; personne ne chôme.
    Dès qu'on voit du jour poindre les blancheurs,
    En groupes épars, les rudes faucheurs
    Vont couper le foin au sauvage arome.

    Au bord des ruisseaux, d'indolents pêcheurs
    Des saules pensifs dorment sous le dôme ;
    Et, le soir venu, l'air qui nous embaume
    Apporte déjà d'étranges fraîcheurs.

    Mais, quand...

  • Loin des bords trop fleuris de Gnide et de Paphos,
    Effrayé d'un bonheur ennemi du repos,
    J'allais, nouveau pasteur, aux champs de Syracuse
    Invoquer dans mes vers la nymphe d'Aréthuse,
    Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris,
    Sans armes, sans carquois, vint m'amener son fils.
    Tous deux ils souriaient : " Tiens, berger, me dit-elle,
    Je te laisse mon fils,...

  • Au chevalier de Pange.


    Le navire éloquent, fils des bois du Pénée,
    Qui portait à Colchos la Grèce fortunée,
    Craignant près de l'Euxin les menaces du Nord,
    S'arrête, et se confie au doux calme d'un port.
    Aux regards des héros le rivage est tranquille ;
    Ils descendent. Hylas prend un vase d'argile,
    Et va, pour leurs banquets sur l'herbe...

  • Nouveau cultivateur, armé d'un aiguillon,
    L'Amour guide le soc et trace le sillon ;
    Il presse sous le joug les taureaux qu'il enchaîne.
    Son bras porte le grain qu'il sème dans la plaine.
    Levant le front, il crie au monarque des dieux :
    " Toi, mûris mes moissons, de peur que loin des cieux
    Au joug d'Europe encor ma vengeance puissante
    Ne te fasse courber ta...