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    Vous avez tant d’Iris, de Philis, d’Amarantes…
    Molière, Les Femmes savantes, acte V, scène I.

     
    Entre les plis de votre robe close
    On entrevoit le contour d’un sein rose,
    Des bras hardis, un beau corps potelé,
    Suave, et dans la neige modelé,
    Mais dont, hélas ! un avare dispose.

    Un vieux sceptique à la bile...

  • Ce petit homme grisonnant
    S’en venait encore à l’automne,
    Le regard vif, l’air avenant,
    En poussant son cri monotone.

    Mais qu’il est changé maintenant !
    Le regard est noir, l’air atone ;
    Et, sur les syllabes traînant,
    Sa voix chevrotante détonne.

    À peine un hiver a passé
    Et le revoilà si cassé,
    Qu’à l’entendre mon cœur se serre…...

  • Cache ton corps soubs un habit funeste ;
    Ton lict, Margot, a perdu ses chalans,
    Et tu n'es plus qu'un miserable reste
    Du premier siecle, et des premiers Galans.

    Il est certain que tu vins sur la terre
    Avant que Rome eût détroné ses Rois
    Et que tes yeux virent naistre la guerre
    Qui mit les Grecs dans un cheval de bois.

    La Mort hardie, et...

  • Vous connaissez ce quai nommé de la Ferraille,
    Où l'on vend des oiseaux, des hommes et des fleurs.
    A mes fables souvent c'est là que je travaille ;
    J'y vois des animaux, et j'observe leurs moeurs.
    Un jour de mardi gras j'étais à la fenêtre
    D'un oiseleur de mes amis,
    Quand sur le quai je vis paraître
    Un petit arlequin leste, bien fait, bien mis,
    Qui, la...

  • Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime !
    Ensemble nous devenons vieux.
    Depuis dix ans, je te brosse moi-même,
    Et Socrate n'eut pas fait mieux.
    Quand le sort à ta mince étoffe
    Livrerait de nouveaux combats,
    Imite-moi, résiste en philosophe :
    Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

    Je me souviens, car j'ai bonne mémoire,
    Du premier jour où je...

  • Sous un habit de fleurs, la Nymphe que j'adore,
    L'autre soir apparut si brillante en ces lieux,
    Qu'à l'éclat de son teint et celui de ses yeux,
    Tout le monde la prit pour la naissante Aurore.

    La Terre, en la voyant, fit mille fleurs éclore,
    L'air fut partout rempli de chants mélodieux,
    Et les feux de la nuit pâlirent dans les Cieux,
    Et crurent que...