• Dieu est toujours là

    I

    Quand l’été vient, le pauvre adore !
    L’été, c’est la saison de feu,
    C’est l’air tiède et la fraîche aurore ;
    L’été, c’est le regard de Dieu.

    L’été, la nuit bleue et profonde
    S’accouple au jour limpide et...

  •  
    Tu ne peux le comprendre et ta bouche blasphème :
    Porte moins haut l’audace et connais-toi toi-même !
    Le Mal est fils de l’homme et de sa volonté.
    Cet arbre aux fruits mortels s’ouvrit sur la nature
    Du jour où l’Éternel fit à sa créature
             Le présent de la liberté.

    L’homme, hélas ! en a mal usé : voilà son crime !
    Du superbe et du fort...

  • Le philosophe allait sur son âne ; prophète,
    Prunelle devant l’ombre horrible stupéfaite,
    Il allait, il pensait.

    Il allait, il pensait. Devin des nations,
    Il vendait aux païens des malédictions,
    Sans savoir si des mains dans les ténèbres blêmes
    S’ouvraient pour...

  •  
    Dieu ne frappe qu’en haut. Infimes que nous sommes !
    Oh ! Disais-je, qu’ils sont heureux, tous ces grands hommes !
    Eschyle a son exil et Job a son fumier.
    Caton est le lion, le sort est le limier.
    C’est le fier ornement de la guerre civile,
    Que tous ces grands bannis qui vont de ville en ville.
    Verser son âme au monde et son sang aux pavés,
    C’...

  • XLI

    Dieu qui sourit et qui donne
    Et qui vient vers qui l’attend,
    Pourvu que vous soyez bonne,
    Sera content.

    Le monde où tout étincelle,
    Mais où rien n’est enflammé,
    Pourvu que vous soyez belle,
    Sera charmé.

    ...

  •  
    L’ANGE DE LA SOLITUDE.

    L’Esprit de Dieu jamais n’agit dans le tumulte ;
    Le Paradet se plait dans le désert inculte ;
    L’azur calme et brillant n’est jamais reflété
    Dans le cœur orageux ou le lac agité. —
    Lorsque Dieu veut parler a quelque àme embrasée
    Et sur elle répandre une douce rosée,
    La séparant du monde, il l’attire au désert,
    Et là...

  •  
    Le dieu du laboureur est comme un très vieux roi
    De chair et d’os, seigneur du champ qu’il ensemence ;
    Le dieu de son curé règne aussi, mais immense,
    Trois fois unique, esprit, fils et père de soi ;

    Le déiste contemple un pur je ne sais quoi
    Lointain, par qui le monde, en s’ordonnant, commence ;
    Et le savant qui rit de leur sainte démence
    ...

  • Et mon désert de cœur est peuplé de Dieux noirs,
    Ils s’érigent, blocs lourds de bois, ornés de cornes
    Et de pierres, Dieux noirs silencieux des soirs,
    Mornes et noirs, dans le désert de mon cœur morne.

    Avec des yeux, comme les yeux des loups, la nuit,
    Avec des yeux comme la lune, ils me regardent ;
    Et c’est vers eux, vers leur terreur que mon ennui
    ...

  •  
        Mon cœur n’est rassuré qu’à demi… Mes Dieux lares
        Revêtent, ce jour-ci, des formes très bizarres.

        Leur regard est comme un poignard mal émoussé…
        Et je tremble, craignant leur aspect courroucé…

        C’est toi qui me maudis et c’est toi qui me damnes…
        Et cependant je vous servis bien, ô les Manes !…