• Il faut dire à plein gosier
    L’histoire du chevalier
    À boire !
    Qui fut fameux dans son temps,

    À boire !
    Et vécut jusqu’à cent ans.
    ...

  •  
    J’entends les chevaux de l’ombre, secouant leurs lourdes crinières,
    Leurs sabots lourds de tumulte, leurs yeux luisant d'un blanc éclat.
    Le Septentrion déroule sur eux la nuit lente et insidieuse,
    L’Orient dit toute sa joie secrète avant le point du jour,
    L’Occident pleure sa pâle rosée et soupire en trépassant,
    Le Midi voudrait les couvrir de roses de...

  • La chevelure vol d’une flamme à l’extrême
    Occident de désirs pour la tout déployer
    Se pose (je dirais mourir un diadème)
    Vers le front couronné son ancien foyer

    Mais sans or soupirer que cette vive nue
    L’ignition du feu toujours intérieur
    Originellement la seule continue
    Dans le joyau de l’œil véridique ou rieur

    Une nudité de héros tendre...

  • J’aimais ses cheveux noirs comme des fils de jais
    Et toujours parfumés d’une exquise pommade,
    Et dans ces lacs d’ébène où parfois je plongeais
    S’assoupissait toujours ma luxure nomade.

    Une âme, un souffle, un cœur vivaient dans ces cheveux
    Puisqu’ils étaient songeurs, animés et sensibles,
    Moi, le voyant, j’ai lu de bizarres aveux
    Dans le miroitement...

  •  
    En plein air, sans une épingle,
    Ils aiment à paresser,
    Et la brise qui les cingle
    A l'air de les caresser,
    Ils vont sous les branches torses
    Des vieux chênes roux et bruns,
    Et la feuille et les écorces
    Les grisent de leurs parfums.

    Dans la campagne déserte,
    Au fond des grands prés muets,
    Ils dorment dans l’herbe verte
    ...

  • Ma bonne chèvre limousine,
    Gentille bête à l’œil humain,
    J’aime à te voir sur mon chemin,
    Loin de la gare et de l’usine.

    Toi que la barbe encapucine,
    Tu gambades comme un gamin,
    Ma bonne chèvre limousine,
    Gentille bête à l’œil humain.

    Je vais à la ferme voisine,
    Mais je te jure que demain
    Tu viendras croquer dans ma main
    Du...

  • L’Aube aux pieds d’argent descend des montagnes ;
    La Nuit s’est cachée au fond des grands bois ;
    Tous les nids d’oiseaux chantent à la fois.
    Hardis chevriers, quittons nos compagnes !

    Les sentiers couverts de mousse et de thym
    Mettront sous nos pas un tapis superbe,
    Et nous ferons choir en passant sur l’herbe
    Du bout des rameaux, les pleurs du matin...

  •  
    Entre mille débris au hasard amassés,
    Un Christ en vieil ivoire, exposé dans la rue,
    Jette l’adieu suprême à sa foi disparue
    Et sent fuir ses genoux infiniment lassés.

    En face, une Vénus, gloire des arts passés,
    Sort de la draperie à ses flancs retenue,
    Naturelle et divine, offrant sa beauté nue,
    Sans bras, pareille aux troncs de lierres...

  • Si tu n’es pas un vil esclave,
    Un triple cocu de marchand,
    Tu nous bailleras sur le champ
    Le vin que tu bois dans la cave ;

    Et puis tu nous épargneras
    Ta chienne de face ridée
    À ne pouvoir s’en faire idée.
    Nous n’admettons que les gens gras.

    Mais si Margoton est… convexe,
    Elle nous ira...

  •  

    Salvator.

    Je t’envie, ô pêcheur ! Sur la grève et le sable
    Je voudrais, comme toi, savoir tirer un câble,
    Mettre une barque à sec, et le long de ses flancs
    Sécher au plein soleil mes filets ruisselants.
    Je t’envie, ô pêcheur ! Quand derrière Caprée
    Le soleil a quitté sa tunique pourprée,
    ...